Bonjour à tous
Joseph Demeules
L'Ile d'Orléans, berceau des Desmeules au Canada
Le premier ancêtre Desmeules s'appelait Joseph Demeules. C'est ainsi qu'il fut toujours appelé, de même
que ses fils. Mais à la quatrième génération au pays, nous voyons apparaître l'orthographe Desmeules qui
s'est généralisée à la cinquième génération.
Joseph Demeules, arrivant au Canada au début du XVIIIième siècle, se choisit une terre dans l'Ile
d'Orléans. Cette île, découverte en 1535, par Jacques Cartier, qui la nomma île de Bacchus, à cause
du grand nombre de vignes sauvages qu'il y vit, ne fut colonisée qu'au milieu du XVIIème siècle. On
sait qu'en 1642, le gouverneur de Montmagny voulut y fixer les colons qu'amenait de France M. de
Maisonneuve, pour sa colonie de Montréal, mais que celui-ci refusa de se laisser détourner de son
dessein, disant que la Compagnie de Montréal, dont il était le mandataire, avait décidé de coloniser
l'Ile de Montréal, et qu'il devait tenir la parole donnée à la Compagnie.
Rien ne put l'ébranler dans sa décision, ni les supplications, ni l'exposé des dangers très réels, que
lui fit le gouverneur, d'un établissement aussi rapproché des cantons iroquois. L'Ile d'Orléans dut
donc attendre quelques années les colons dont elle avait grand besoin et que Québec souhaitait ardemment
afin de se renforcir en peuplant le voisinage.
L'on ne sait pas au juste quand vinrent se fixer les premiers colons. Cependant, lorsqu'en 1648-1649,
les Hurons furent dispersés et presque anéantis par leurs terribles ennemis les Iroquois, les restes de
cette malheureuse nation vinrent chercher refuge sur l'Ile d'Orléans, qui était déjà habitée par des
Français. Ils y érigèrent un fort et une chapelle et s'y établirent, se croyant dorénavant à l'abri des
insultes de leurs persécuteurs; mais l'implacable ennemi au guet les y découvrit bientôt, leur tua
beaucoup de monde, dévasta leurs établissements et traîna plusieurs prisonniers en captivité. Les
survivants abandonnèrent l'Ile et allèrent chercher la protection des canons du fort de Québec. Ils
s'établirent à l'Ancienne-Lorette. L'endroit occupé par les Hurons sur l'Ile porte encore le nom d'Anse
du Fort.
Quelques années plus tard, c'est-à-dire vers 1651, les colons commencèrent à s'y établir en bon nombre.
Une liste de colons qui se fixèrent dans l'île entre 1651 et 1680 a été publiée en appendice à "l'Histoire
de l'Ile d'Orléans", par M. Louis-P. Turcotte. Elle ne contient pas moins de 225 noms. Pour sa part,
la paroisse de la Sainte-Famille contenait 51 familles. Elle fut la première paroisse à y être fondée
en 1661. En 1679, celles de Saint-Jean, Saint-François, Saint-Laurent et Saint-Pierre en furent
détachées.
L'Ile d'Orléans était alors connue sous le nom de l'Ile et Comté de Saint-Laurent, et le seigneur, M.
Berthelot, se faisait appeler le comte de Saint-Laurent.
Le développement de la colonie fut rapide, grâce à son sol fertile et à sa situation avantageuse dans le
voisinage de Québec.
Mariage de Joseph Demeules
Il se maria à Saint-Jean de l'Ile d'Orléans, le 20 novembre 1707, à Marie-Catherine Dubeau, fille de
Pierre Dubeau et de Marie Marthe Allaire. Joseph Demeules était alors âgé de vingt-deux ans; sa jeune
femme en comptait dix-neuf.
Marie-Catherine Dubeau avait pour grand-père Toussaint Dubeau qui vint au Canada avec sa femme et ses
deux enfants vers 1665. Toussaint Dubeau était cordonnier, Mais comme tous les autres colons, il se fit
cultivateur peu de temps après son arrivée. C'est à Charlesbourg qu'il choisit sa concession. Une
dizaine d'années après son mariage, Toussaint Dubeau quitta Charlesbourg et alla se fixer à Québec où,
devenu veuf, il se remaria. Le seul fils né du premier mariage, Pierre, alla s'établir à Saint-Jean,
dans l'Ile d'Orléans. Il épousa Marie Marthe Allaire en 1684, à Saint-François de l'Ile d'Orléans.
Leur fille aînée, Marie-Catherine, baptisée le 3 janvier 1688, épousa mon premier ancêtre Joseph
Demeules.
La famille Demeules dans l'Ile d'Orléans
Joseph Demeules et Marie-Catherine Dubeau passèrent quelques années à Saint-François de l'Ile d'Orléans.
Le 16 septembre 1710, ils font baptiser leur premier enfant, une fille, Geneviève; elle fut inhumée moins
de deux ans plus tard, le 13 juin 1712 dans la paroisse de Saint-Jean. Une autre fille du nom de
Geneviève y fut baptisée le 23 février 1713; elle décéda en 1714, et fut inhumée à Saint-Jean. En 1717,
nous trouvons les Demeules à Saint-Laurent où ils font baptiser un fils, le 17 mars 1717. Un autre fils
du nom de Jean-François, leur naquit le 15 septembre 1721. Son acte de sépulture daté du 19 septembre
de la même année est enregistré à Saint-Jean de l'Ile d'Orléans. Ils devaient demeurer aux limites des
paroisses Saint-Jean et Saint-Laurent et ils allaient tantôt à une église et tantôt à une autre. En
1722, le 21 octobre, ils font baptiser un second fils du nom de Jean-François à Saint-François. En 1724,
le 3 octobre, nous lisons, dans les registres de la paroisse de Saint-Jean, l'acte de baptême d'un autre
enfant, Charles. C'est désormais dans la paroisse Saint-Jean que nous trouvons les actes concernant la
famille Demeules.
Une assemblée intéressante
En 1721, Monsieur de Vaudreuil, gouverneur, de concert avec les autorités religieuses, décida d'envoyer
deux personnages: Benoît-Mathieu Collet et Gaspard Boucault, l'un procureur général et l'autre, greffier,
dans les paroisses des deux côtés du fleuve Saint-Laurent.
Cette tournée avait pour but de régler les limites des paroisses et d'entendre les réclamations et les
plaintes diverses des habitants. A chaque paroisse, les habitants étaient convoqués d'avance, et
s'assemblaient, la plupart du temps dans le presbytère, devant les deux représentants de l'autorité,
qui, ensuite, rédigeaient un procès verbal de chacune de ces réunions.
Le 31 mars de cette année 1721, nos deux personnages sont rendus à l'Ile d'Orléans et toute la paroisse
est réunie. Le rapport de cette assemblée est sans doute intéressant au point de vue historique; il nous
montre de quelle manière fonctionnait le service religieux à cette époque, les difficultés et les
problèmes que nos pères avaient à résoudre.
"Et le trente unième du dit mois de mars, en la paroisse St-Jean-Baptiste, située en l'isle et comté de
Saint-Laurent, au sud de la dite isle, où nous commissaire susd. accompagné de nostre greffier sommes
arrivez hier au soir. Sont comparus par devant nous, sur les huit heures du matin, Monsieur Alexandre
François Denys de Saint-Simon, prestre, faisant les fonctions curiales en la dite paroisse, sieur Gabriel Thivierge, procureur fiscal du dit comté et capitaine de milice de la dite paroisse, Pierre Asselin, lieutenant de milice de la dite compagnie, Bernard Lestourneau, Jean Pépin, Etienne Fontaine, Charles Genest, Joseph Audet, Pierre Plante, Gabriel Feuilleteau et Joseph Leblanc, tous habitants de la dite paroisse, faisant tant pour eux que pour les autres habitants et paroissiens qui ne sont pas venus en cette assemblée, auxquels nous avons exposé le sujet de nostre commission et les avons interpellez de nous dire l'étendue présente de la dite paroisse, le nombre des chefs de famille qui la composent et de nous déclarer si eux ou quelqu'uns de ceux qui ne sont point venus en cette assemblée sont incommodez pour venir au service divin par la difficulté des chemins ou par l'éloignement."
"Sur quoi, ils nous ont dit que l'étendue de la dite paroisse le long du fleuve Saint-Laurent est de
deux lieues et un quart environ, savoir, une lieue et un quart ou environ, depuis et compris l'habitation
d'André Terrien, qui est le premier paroissien de cette paroisse du costé d'en bas jusqu'à l'église de
la paroisse, et une lieue ou environ depuis la dite église en remontant jusqu'à la rivière Maheu, sur
laquelle rivière se trouve l'habitation de Jean Poulliot, et sur laquelle il conviendrait tirer une ligne
à marrée haute pour séparer ce qui doit estre de cette paroisse d'avec ce qui doit estre de celle de
Saint-Laurent, et que sur le front de l'estendue de la dite paroisse il y a soixante trois chefs de
famille résidents et un concessionnaire qui fait valoir sa terre sans y résider." "Et sur la commodité
ou incommodité pour venir au service divin, les dits habitants nous ont dit qu'ils n'ont point d'église
plus proche et plus commode, et qu'ils sont contents d'en estre paroissiens." "Desquels dires et
déclarations nous avons dressé le présent procès-verbal, duquel avons fait faire lecture et ont les
dits sieurs de Saint-Simon et Thivierge, et les dits Asselin, Lestourneau, Audet et Genest signez
avec nous, les autres ayant déclarez ne savoir signer de ce interpellez suivant l'ordonnance."
"Fait en la maison presbytérale de la dite paroisse de Saint-Jean, les an et jour que dessus, ainsi
signé Saint-Simon, prestre, Thivierge, Pierre Asselin, Lestourneau, Audet, Genest, Collet et Boucault."
Décès de Joseph Demeules et de sa femme
Joseph Demeules vécut jusqu'à l'âge de soixante-neuf ans et décéda après quarante-sept ans de mariage. Il
fut inhumé le 10 octobre 1754, à Saint-Jean de L'Ile d'Orléans. Sa femme Marie-Catherine Dubeau lui
survécut plus de cinq ans. Elle fut inhumée à ses côtés, le 26 janvier 1760. Elle comptait soixante-douze
ans.
Réflexions sur L'Ile-aux-Coudres
L'Ile-aux-Coudres, une des plus belles îles du fleuve Saint-Laurent, jouit d'une réputation que lui envie
plus d'une de ses sœurs voisines.
Les habitants des rives environnantes aiment ce coin de terre isolée, paisible, solitaire, et la regardent
comme un lieu privilégié. Pourquoi cette prédilection, cette partialité? Serait-ce à cause de la gracieuse
beauté de ses paysages, de son site pittoresque, aux pieds des grandes montagnes du Nord qui la dominent?
Est-ce à cause des mœurs patriarcales, de l'hospitalité antique de ses habitants, qui, mieux que partout
ailleurs, ont conservé le type des anciens Canadiens? Ou plutôt ne serait-ce pas à cause des pieux
souvenirs qui s'y rattachent? Le peuple se rappelle t'il que cette île est un terrain sanctifié; que
c'est sur ce rocher que fut célébrée jadis la première messe qui ait été dite au Canada; que, depuis
ce jour, il est devenu comme l'autel de la patrie? Il y a sans doute un peu de tous ces motifs dans
le culte de prédilection qu'on a voué à cette île.
Une excursion à l'Ile-aux-Coudres n'est pas toujours une simple promenade, un voyage ordinaire; il s'y
mêle une pensée religieuse, l'idée d'un pélerinage. On ne fait jamais le tour de l'Ile sans vénérer
l'endroit où s'est dite la première messe lors du deuxième voyage de Cartier, que les guides ne manquent
pas d'indiquer aux pèlerins.
L'évacuation de l'Ile-aux-Coudres en 1759
L'année 1759 s'annonçait pour le Canada sous de sombres auspices. Les Anglais étaient déterminés à prendre
Québec. Toutes les paroisses en bas de la capitale eurent beaucoup à souffrir. Laissons la place à un
témoignage contemporain.
"Dès que la nouvelle fut arrivée à Québec que la flotte anglaise, envoyée pour réduire la colonie, était
réunie au bas du fleuve, l'alarme fut grande, car jusque là on avait pas ajouté foi aux projets des
Anglais. De bon printemps, au commencement de mai, des ordres avaient été envoyés dans toutes les
paroisses au-dessous de Québec, pour contraindre les cultivateurs et les chefs de famille de faire
dans les bois des lieux de refuge, et de les approvisionner, puis de s'y rendre avec leurs enfants
et tous les effets de ménage, ustensiles de culture, bestiaux et autres vivres dès qu'on aurait la
nouvelle de l'approche de l'ennemi. On fit donc partir des courriers pour mettre ces ordres à exécution,
avec l'injonction de faire évacuer entièrement L'île d'Orléans, l'île-aux-Coudres, etc."
"Ces ordres si précipités, et sans doute irréfléchis, furent faussement interprétés et bien mal exécutés.
La crainte, la peur et l'animosité sont de fort mauvaises conseillères. La maladresse et la précipitation
firent à des milliers de propriétaires plus de tort que l'ennemi n'en aurait pu faire. Nombre de familles
ont été ruinées par cet empressement inutile; les trois-quarts des bestiaux périrent, et de longtemps les
cultivateurs de l'Ile-aux-Coudres et de l'Ile d'Orléans, qui renfermaient au moins cinq mille têtes de
gros bétail, ne se relevèrent de cette perte, sans parler des personnes, femmes et enfants, qui
malheureusement périrent dans la bagarre, ayant été rassemblés à une extrémité de ces îles, sans qu'on
eut auparavant procuré des bateaux en nombre suffisant pour les transporter, ni songer à y amasser des
vivres pour les nourrir. On avait encore moins pensé à y élever des abris pour leur retraite."
Mort de Charles Demeule et combat à la Baie St-Paul
"Vers le commencement d'août en 1759, un vaisseau armé partit avec environ trois cents hommes,
principalement écossais montagnards, pour aller faire une excursion dans la côte du nord, et trois
transports furent chargés de les protéger; un lieutenant et des matelots de la marine royale les
accompagnaient. Le quatre août, ils partirent pour la Baie St-Paul, où se trouvaient réunis environ deux
cents français. Gorham, débarqua vers trois heures du matin et fut accueilli assez chaudement par les
canadiens, qui se défendirent pendant deux heures puis se retirèrent dans les bois; ils brûlèrent alors
le village et plusieurs maisons et granges des cultivateurs. De là, ils descendirent vers la Malbaie,
où ils détruisirent les habitations, et chassèrent les habitants dans les bois."
"Les habitants de l'Ile-aux-Coudres s'étaient joints à ceux de la Baie St-Paul, et mon ancêtre Charles
Demeules était alors âgé de trente-quatre ans seulement. Nous constatons qu'il a été inhumé à la Baie
St-Paul, quelques jours seulement après cette rencontre, soit le 9 août. Mourut-il à la bataille?
Reçut-il des blessures mortelles? Les registres ne le disent point, mais il est permis de le supposer."
Ces renseignements sont tirés de la généalogie faite par L'Institut Drouin.
François Grimard, Chicoutimi, QC
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