Bonjour à tous
Les Morin
La Nouvelle-France a attiré pas moins de quatorze Français portant le patronyme Morin. Ils sont venus
de Poitou, d'Aunis, d'Anjou, de Bretagne, de Normandie, de l'Île-de-France. Un quinzième quitta
l'Autriche vers 1756. Ils ont tous pris racine en Nouvelle-France mais le plus ancien, le plus
connu, Noël, est aussi le père de la plus grande de toutes les souches existant peut-être encore
en Amérique.
Des recherches effectuées en France par Robert La Roque de Roquebrune lui permettent de donner à
l'ancêtre le nom de Noël Morin de Saint-Luc. Originaire de Brie-Comte-Robert, paroisse de Saint-Étienne,
dans l'Île-de-France, où il est né en 1616, du mariage de Claude et de Jeanne Moreau. Noël Morin
aurait vécu à Saint-Germain de Loisé avant d'aller s'établir à Mortagne, au Perche. C'est là qu'en
1636, il est recruté par Robert Giffard qui lui conseille de tenter l'aventure au Canada.
Traversée, installation, premières années vécues sur le sol américain sont restées dans l'ombre.
Pourtant, il est acquis que Morin a vécu à Québec où il exerça presque aussitôt le métier de charron.
Comme tant d'autres, il a plus d'une corde à son arc et il sera tantôt défricheur, tonnelier et
maréchal-ferrant, exerçant ces métiers à l'ombre de l'Habitation construite par Samuel de Champlain.
Le mardi 27 décembre 1639, l'ancêtre se présente à la maison d'Olivier Le Tardif où déjà l'attendent
ses témoins et le notaire Martial Piraude qui se préparent à prendre connaissance des clauses du
contrat de mariage entre Morin et Hélène Desportes.
Pour la bonne amitié qu'il porte à sa future épouse, il lui donne deux cents livres à prendre et
à percevoir sur une maison située à Brie-Comte-Robert, où pend pour enseigne le Cheval bleu, paroisse
Saint-Etienne, en la rue des Fontaines, proche la porte de la ville que ledit futur époux a eue de
la succession de sa mère.
Quant à Hélène Desportes, elle apporte à la communauté la juissance d'une maison située audit Québec,
proche de l'église Notre-Dame-de-la-Recouvrance, de deux arpents de terre sis proche du Mont-Carmel
et d'un jardin contenant quarante perches, ou environ, attenant à la dite maison.
Hélène Desportes n'est pas n'importe qui. Elle est le premier enfant issu de parents français né en
Nouvelle-France. Sa mère, Françoise Langlois, femme de Pierre Desportes, lui donne naissance avant
1620. Nièce d'Abraham Martin, voisine des Hébert et des Couillard, il est normal qu'elle s'intègre à
ces familles. Un premier mariage, célébré en 1634, l'unit à Guillaume Hébert, fils de Louis. Ce
dernier meurt en 1639 laissant Hélène Desportes avec deux des trois enfants qu'elle lui a donnés:
Joseph, né en 1636 et Françoise née en 1638.
Noël Morin est donc celui à qui incombe l'éducation du dernier descendant mâle du pionnier Louis
Hébert. Ils partageront leurs jours avec les douze enfants que sa femme lui donnera après leur
mariage célébré à Québec, le 9 janvier 1640, par le père Nicolas Adam.
Il est probable que les premières années du mariage s'écoulent à Québec. Cinq ans plus tard, le 26
avril 1645, Noël Morin obtient une terre de quarante arpents sur le côteau Sainte-Geneviève. Il y
fera construire, entre cette date et 1667, trois corps de logis, dont deux avaient une chambre à
feu chacun, cave et grenier, le troisième servant de boutique et grenier dessus, avec une grange,
et deux arpents et demi clos de pieux et servant de cour. Il demeure charron puisqu'il fait élever
une construction lui servant de boutique. En 1652, d'ailleurs, la veuve de Louis Jolliet fait appel
à Noël Morin pour évaluer des outils de charron laissés par Jean Bourdon et en 1676, elle placera
son plus jeune fils, Zacharie, en apprentissage chez lui, au Côteau.
En 1663, il est devenu seigneur d'une portion de la seigneurie de la Rivière-du-Sud, au lieu dit
Pointe-à-la-Caille. La terre prend le nom de Saint-Luc et Noël Morin sera désormais désigné sous
le nom de Sieur de Saint-Luc. L'ancêtre a peut-être l'intention de défricher lui-même une partie
de cette nouvelle terre, mais il paraît plutôt disposé à s'en défaire au frofit des ses enfants,
aux parents de ceux-ci, de même qu'à son genre par alliance, Guillaume Fournier qui a épousé
Françoise Hébert, en 1651. En 1671, Morin et sa femme se donnent à leur fils Charles et Alphonse,
sieur de Valcourt et, de 1672 à 1676, ils morcellent le fief de Saint-Luc au profit de Guillaume
Fournier, Jean Groulx, Alphonse Morin, Louis Bossé, Pierre Jolliet, Jean Bailly, Michel Isabel,
David Corbin, Charles Bazire et Jean Rollandeau.
Noël Morin meurt à Saint-Thomas de Montmagny, où il est inhumé le 10 février 1680. Sa femme le suivra
avant 1683, année où les coseigneurs de Saint-Luc rendent foi et hommage à la seigneuresse Louise
Coulillard de Lespinay, et lui versent leurs droits de fief qui lui sont dus à cause de la mutation
arrivée par le décès des dits défunts sieur Morin et Hélène Desportes, sa femme.
Cette union féconde est entrée dans l'histoire grâce aux innombrables descendants qu'elle a laissés,
mais également parce que l'Église canadienne y a puisé deux de ses pionniers. Marie Morin, née en
1641 a été la première religieuse montréalaise née en Nouvelle-France et Germain Morin, né en 1642
est le premier prêtre canadien a avoir été ordonné ici.
Source: Nos Racines No. 25
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