Généalogistes Associés

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Bonjour à tous

Mon Patelin
fourni par Martin Drouin

1 - Le Canton de Broughton

Le 7 février 1792, Sir Clarke, lieutenant-gouverneur de la Province du Bas-Canada et administrateur en l’absence de Lord Dorchester, gouverneur-général, proclama le mode de concession des terres de la Couronne.

Le 23 juillet 1792, Henry Junken, marchand, et William Hall, chapelier, tous deux loyalistes de Québec, présentèrent une pétition sollicitant l’arpentage d’un territoire de dix milles carrés, situé en arrière des Seigneuries de Saint-Joseph et Sainte-Marie de Beauce, et l’établis sernent de ce territoire en Canton. On lui donna immédiatement le nom de Broughton, mais M. Samuel Holland, arpenteur en chef, ne soumit son rapport que le 14 mars 1794.

Plusieurs savants anglais ont porté le nom de Broughton. Nous connaissons :
1) Hugh Broughton, théologien né en 1549 et mort en 1612;
2) Richard Broughton, mort en 1634;
3) Thomas Broughton, né en 1704 et mort en 1774.
Nous croyons que le canton de Broughton a été ainsi appelé en l’honneur de William Robert Broughton, navigateur, né en 1763 et mort en 1822.

Junken et Hall se mirent à l'oeuvre dès le printemps 1795. Ils firent diviser le canton en lots et recrutèrent des associés dont un groupe de Beaucerons en 1796. Ces messieurs anglais ne manquaient pas de s’assurer d’avance du contrôle presque absolu des concessions.

Le premier colon de Broughton semble être James Harwood qui eût à surveiller les travaux du chemin de Broughton en 1817, permettant de communiquer entre Saint-Frédéric (concession Fleury) et le chemin de Craig (dans Leeds). La confection de ce chemin se fit très lentement et en 1860 une partie dans Leeds restait inachevée.

Les premiers colons canadiens-français de Broughton furent Laurent Poulin, Guillaume Lapointe, Antoine Lapointe, Jacques Marceau, J.-B. Dodier, Francois Lapointe, Pierre Provençal, Richard Lessard et Pierre Boulet.

Le 18 juin 1845, le Canton de Broughton est annexé au comté de Beauce, alors que Pierre-Elzéar Taschereau était député. A la même date, fut érigée la première municipalité scolaire de Broughton.

2 - Les débuts de la Colonie

La colonisation progressait lentement dans le canton de Broughton. Les causes en étaient : le prix élevé des terres, les conditions onéreuses imposées par certains grands propriétaires, parfois l’impossibilité de les acheter, vu que les maîtres n’en étaient pas connus, le manque de chemins et de voies de communication.

Le plus grand obstacle à l’établissement sur des terres était le manque de chemins. Lorsqu’on mentionne l’existence du chemin de Broughton, ne songeons pas à y trouver un chemin régulier. Il s’agissait plutôt d’un sentier sinueux et étroit qui ne méritait pas d’être appelé un chemin passable.

Le recensement de 1851 signale la présence de 612 personnes dans Broughton. La tradition rapporte l’arrivée de nouveaux colons en 1852. La réputation toujours grandissante de la fertilité du sol intensifia l’immigration et de nouvelles cabanes surgirent un peu partout dans la colonie. Une trentaine de ces nouveaux venus se groupèrent sur les 10e et 11e rangs, tandis que plusieurs autres s’éparpillèrent ici et là dans les autres rangs.

Cédant aux réclamations qui s’élevaient de toutes parts, le Gouvernement établit, le 1er juillet 1855, la municipalité de paroisse ou de canton pour l’administration. Dès le mois d’août 1855, Broughton entre dans le mouvement et procède à l’élection de son premier conseil.

En 1857, la Législature adopte un projet de loi de Georges-Etienne Cartier introduisant les lois françaises dans les cantons de 1’Est. Cette mesure fit disparaitre non seulement de graves difficultés de legislation, mais enleva un obstacle au progrès de la population des cantons.

C’est de France que vient le nom de Beauce. C’est une plaine fertile en blé qui s’étend entre la Seine et la Loire. Rabelais, célèbre écrivain, est l’inventeur de ce doux nom. Un de ses héros, Gargantua, vint à traverser cette région et dit à ceux qui l’accompagnaient : JE TROUVE BEAU CE. Dans le vieux français le CE à le sens de cela. Et le mot BEAUCE était créé.

3 - Colons à l'oeuvre

Les premiers soins d’un colon en prenant possession de son lopin de terre, c’est de débarrasser le sol pour y construire une cabane. Pour cela, il n’a pas besoin d’hommes de métiers, car il sait l’être tout seul et sans aucun apprentissage.

Quelques pièces de bois rond, superposées et enchevêtrées aux extrémites, forment le carré. Les pièces, également en bois rond, sont disposées de manière à faire une couverture plate ; les joints sont couverts d’écorce, et sur toute la surface on étend une couche de terre pour empêcher l’eau de pénétrer. On remplit les joints du carré avec de l’étoupe pour se mettre à l’abri du vent et de la neige. Un petit chassis est placé sur le côté pour y faire entrer la lumière, et une seule porte brute y roule souvent en grinçant, sur de gros gonds de fer. A l’intérieur, tout est d’une seule pièce, de 18 pieds sur 15, au milieu de laquelle est placé le poêle ; et dans un coin de cette pièce, assez souvent, quelques branches de sapin sur lesquelles on repose mollement pour le repos de la nuit. Le luminaire en usage était la chandelle de suif ou le lampion. Celui-ci était un vase muni d’une tige pour le suspendre au mur. Il était rempli d’huile à morue dans laquelle on plongeait une mèche de coton à chandelles. Cette mèche en brûlant donnait une lumière blafarde et répandait une odeur très désagréable.

Après s’être logé tant bien que mal avec sa famille, le colon se mêt à l’oeuvre courageusement pour faire du défrichement. Au cours du premier hiver, il profitera des jours de tempête et des longues soirées pour se fabriquer un grément de sucrerie, composé de casseaux de cèdre, d’un baril de forme évasée, d’une ou deux grandes cuves et d’une traIne aux larges lisses, tous fabriqués à la main, à l’aide d’outils appelés gouges.

En mai, le colon procédait aux abattis et au ramassage de la cendre. Le temps des semences était une époque heureuse pour lui; mais en attendant la récolte, il lui fallait s’éloigner pour se procurer le strict nécessaire à la vie de sa famille. Si parfois son retour retardait, il arrivait que la famille était réduite à l’abstinence complete.

4 - Le missionnaire

A partir du 11 octobre 1849, les catholiques de Broughton furent confiés au curé de Saint-Sylvestre ; et ce n’est qu’en 1851 que la mission de Saint-Pierre fut organisée régulièrement et en 1854 que la première chapelle y fut construite tout près de l’église actuelle. Le 1er octobre 1855, un missionnaire vient résider à Leeds et chaque mois il ira faire un séjour de 3 à 4 jours à Saint-Pierre. Pendant ce temps, le curé de Saint-Frédéric accepte de faire du ministère auprès des gens du Grand Broughton et leur conseille même de se construire une chapelle. En mai 1856, une requête est présentée à l’évêque sollicitant l’érection d’une paroisse et la permission d’y construire une chapelle desservie par ce curé, en attendant la nomination d’un missionnaire résident. C’était la troisième requête à être rendue à l’évêché en vue d’une chapelle : les gens du sud-est de Broughton la voulaient vers le 6ième ou 7ième rang; ceux du sud-ouest la demandaient au 10ième rang. L’évêque décide, le 9 février 1857, qu’elle sera construite où se trouvait l’ancienne, qui devint plus tard le presbytère. Les gens du Grand-Broughton, habitués à fréquenter l’église de Saint-Frédéric, ne prisèrent guère le changement, d’autant plus que le curé de Saint-Pierre refusait de leur donner les offices du dimanche. Celui-ci venait donner la mission sur semaine au 7ième rang nord, dans la maison de J.-B. Dodier (emplacement actuel de Martin Cloutier). Quelques-uns protestèrent vigoureusement en refusant de payer leur dîme et critiquèrent odieusement l’autorité. Celle-ci ordonna au missionnaire de ne venir à Broughton-Est que quatre fois par année pour y confesser ceux qui ne pouvaient aller à Saint-Pierre et pour y catéchiser les enfants. Il devra refuser les sacrements à ceux qui ne veulent pas payer leur dîme. Cette décision semble avoir calmé les esprits et les intéressés cessèrent leurs hostilités.

Il y avait une école à proximité de la mission du 7ième rang nord, sur un terrain cédé à l’évêché par Richard Lessard et J.-B. Dodier pour y construire une église. On tenta de réaliser ce projet, mais le curé s’y opposa.

5 - Moeurs et coutumes de ce temps-là

Voici ce que dit le premier missionnaire du Grand Broughton sur l’état de la Colonie : "Pour ce qui est de ma population canadienne-française, j’ai d’abord la consolation de faire connaître que j’ai un bon nombre de familles vraiment chrétiennes. C’est en partie à elles que je dois ce qui s’est fait d’améliorations et c’est aussi à elles que j’ai recours quand il s’agit de faire quelques bonnes oeuvres. Elles ne sont pas sans défauts, mais elles sont ce que l’on peut appeler de bonnes familles."

"Si ce que je viens de déclarer est propre à consoler, ce que j’aurais à dire ne l’est pas autant. En général nos gens sont pour les affaires publiques d’une apathie à décourager. Pour en avoir une idée, il suffit de se rappeler qu’il n’y a dans toute la municipalité de Broughton que 25 familles protestantes. Cependant ce sont elles qui mènent toutes les affaires municipales et scolaires, même si les catholiques, par leur énorme majorité, pourraient garder toute l’autorité entre leurs mains."

"Je n’ai pas moins de trois auberges en milieu protestant. Au cours de 1860, deux autres se sont ouvertes au milieu de la population catholique, mais elles ont été bientôt fermées. Il y a un concubinaire qui n’est pas connu de tout le monde. J’ai aussi une fille de mauvaise réputation."

M. l’abbé Huot, deuxième missionnaire, déclare hériter d’une population généralement bien disposée, mais dépourvue d’instruction religieuse : "Rien ne peut peindre leur apathie désespérante en ce qui concerne les écoles et les chemins. Pourvu qu’ils puissent passer tant bien que mal d’un endroit à un autre, au risque d’estropier leurs chevaux, de se tordre le cou ou de mettre leurs voitures en pièces, peu leur importe. Depuis 14 ans qu’il y a des habitants en ces endroits, ils en sont encore au même point. S’ils avaient travaillé seulement une journée par année, ils auraient aujourd’hui un excellent chemin. Ils se contentent de se plaindre : là aboutissent tous leurs efforts."

Quelques familles vivaient assez bien, sans cependant se payer de luxe, si ce n’est des bottes françaises, un casque de loutre ou des charrettes à ressort pour les promenades.

6 - Le site de la future église paroissiale

Ce serait une longue histoire à n’en plus finir, s’il fallait raconter d’une façon détaillée toutes les péripéties auxquelles a donné lieu le choix de l’endroit où devait se trouver la chapelle de Broughton-Est.

Déjà propriétaire d’un terrain au 8ième rang où Jacques Marceau et J.-B. Dodier veulent construire une chapelle, l’évêque, sur la recommandation du curé Huot, en achète un autre, soit une partie du lot 19 du 6ième rang. Une requête, en date du 22 décembre 1869, demande qu’on y construise une chapelle et qu’on ait bientôt un prêtre resident.

Le 18 janvier 1870, M. l’abbé Huot, ancien curé de Saint-Pierre, vient faire enquête, à la demande de l’évêché, sur l’à-propos de la requête. Des opposants proposent le lot 16 plutôt que le lot 19 du 6ième rang; mais le délégué Huot recommande dans son rapport le lot 19. Une requête, en date du 27 octobre 1870, insiste pour le lot 16 et est approuvée par le curé de Saint-Pierre. Le 31 octobre suivant, une nouvelle requête demande qu’on s’en tienne au lot 19.

Le 14 novembre 1870, M. Fafard, curé de Sylvestre, est délégué à son tour. Le vote est pris et le résultat donna 2 voix de majorité en faveur du changement. Cette partie du lot 16 est un endroit plus beau, élevé, sec et propice à la culture. La future chapelle aura une longueur d’environ 45 pieds sur une largeur de 35, et 13 pieds de hauteur au dessus des lambourdes. La sacristie aura 25 pieds carrés environ. Quant aux dépendances, on construira des cette année un bâtiment de 57 pieds de long par 30 de large, pour servir d’étable, de grange et de remise, le haut de la sacristie pouvant servir de hangar à grains.

Le 23 décembre 1870, F.-X. Lessard vend le terrain nécessaire pour la chapelle à J.-B. Dodier et Béloni Bouthillier pour $400.00. Le même jour, ces derniers donnent au curé Gagné le terrain.

Le 26 janvier 1871, on forme le projet de construire une chapelle au printemps sous le vocable de Sacré-de-Jésus.Un bienfaiteur offrait $50.00 à la mission sous condition que le titulaire füt le Sacré-Coeur-de-Jésus.

7 - Un prêtre résident à Broughton-Est

Le 6 octobre 1870, M. l’abbé Alphonse Pelletier avait été nommé vicaire à Saint-Pierre de Broughton. C’est que le curé Gagné était vraiment débordé avec une population de 1,750 communiants, dont un huitième est irlandais, disséminée sur une étendue de plus de trois lieues, et dont plusieurs sont à 4 et même 5 lieues.

Pour cette population nécessairement plongée dans une profonde ignorance, le prêtre, qui s’y trouve être la seule personne instruite, a tout à faire. Et ce n’est pas une petite besogne, entre autres occupations, d’avoir à diriger jusque dans leurs plus petits détails, par exemple, les affaires d’écoles pour une si vaste municipalité.

M. l’abbé Pelletier eût tout d’abord à desservir la mission de Broughton-Est, mais en juin 1871 il est rendu et loge dans la sacristie à peine couverte, sans chassis ni portes. La même année il réside dans le haut de la chapelle, oùi se trouve le presbytère.

De peine et de misère, il établit les écoles, ouvre la route centrale du 3e au 11ième rang. Jean-Baptiste Perron se fait tuer en commençant les travaux et fut le premier enterré, le 16 août 1871. Le premier baptême, inscrit dans les régistres du Sacré-Coeur-de-Jésus, se lit comme suit: Le 14 juillet 1871, nous soussigné, curé, avons baptisé Jean-Eugène, né le même jour, du légitime mariage de Jean-Eugène Huard, cultivateur, et de Philomène Gagnon, de cette mission. Parrain: Joseph Lessard ; marraine : Obéline Gravel, qui n’ont su signer. J.-A. Pelletier, ptre.

A la date du 30 juillet 1871, se trouve inscrit dans les régistres de East-Broughton le premier mariage. Il s’agit de Charles Bouchard, cultivateur de la paroisse Sainte-Marie, qui unit sa destinée à Philomène Gamache, de la mission du Sacré-Coeur-de-Marie.

Durant l’hiver, dans la nuit du mercredi, le 27 mars 1872, la chapelle brûle. Le curé faillit brûler. Ce fut une année de misère. La messe se dit chez Bouthillet. Tout de suite, malgré la saison, l’abbé Pelletier use de force et d’énergie pour se procurer le bois et bâtir en juin 1872.

8 - Description géographique de Broughton-Est

La province de Québec est divisée en trois régions naturelles la région laurentienne, la région apalachienne, enfin la région du Bouclier canadien. Les Cantons de l’Est, dont fait partie la Beauce, appartiennent à la région apalachienne.

East-Broughton, situé aux confins de la Beauce, est borné au nord et au nord-est par Saint-Pierre de Broughton ; à l’est par Tring-Jonction et Saint-Jules ; au sud par Saint-Victor et Sainte-Clotilde ; à l’ouest par le canton de Thetford du comté de Mégantic. La route no 1, la plus belle de la Beauce, ainsi que la voie ferrée du Québec Central traversent la municipalité de l’est à l’ouest.

East-Broughton est situé dans une région montagneuse. Les terres sont sablonneuses en grande partie, vu qu’elles ont été formées par le travail des glaciers qui ont nivelé les hauts sommets des Apalaches, creusé des vallées, déposé un peu partout des cailloux innombrables, que des générations successives de rudes travailleurs peinent à amasser, sans jamais espoir de voir leur rude besogne terminée. Beauce et Frontenac sont probablement les districts les plus rocailleux de la province, mais, en retour, la terre accorde beaucoup à l’homme qui a eu le courage de la fouiller avec constance et générosité. Le boisé est surtout formé d’érables, de merisiers, de hêtres, de sapins, d’épinettes et d’un peu de cèdres. Les cultivateurs s’adonnent à la grande culture, à l’industrie laitière, à l’élevage et très peu au maraîcher. Au moins la moitié d’entre eux possèdent une érablière.

Il y a ici et là de petites rivières. On en voit au 9e rang, au 7e et au 5ième. La rivière Broughton passe entre la voie ferrée et Ie village, contournant ce dernier et creuse de plus en plus sa vaste vallée vers le sud-est.

East-Broughton fait partie de la région qui possède les rares mines d’amiante du Canada. Elles sont très importantes, puisqu’elles produisent une large portion de la production mondiale. A cause de cette industrie, notre paroisse a bien des points de nessemblance et d’intérêts avec Thetford : ce qui explique qu’il y a beaucoup plus de rapports avec cette ville et sa region qu’avec le reste de la Beauce.

9 - La situation scolaire dans Broughton

La question scolaire causa bien des soucis à M. l’abbé Grenier, curé de Saint-Pierre. Ses efforts pour secouer l’apathie des gens et pour obtenir des écoles catholiques furent d’abord stériles. En août 1861, il écrit : <<Pour leur faire connaître leurs devoirs sous ce rapport, j’ai eu beau employer la douceur, la rigueur, tout a été inutile. C’est comme s’ils ne comprenaient pas >>.

En novembre 1860, il écrivit une longue lettre à l’Hon. Chauveau, alors surintendant de 1’Instruction publique, demandant s’il était possible d’avoir une municipalité scolaire séparée et de nommer un nouveau conseil de commissaires parmi les catholiques. Le surintendant hésite tout d’abord, mais la municipalité scolaire fut sanctionnée le 23 mai 1861.

En août 1861, il y a eu une élection complète de commissaires d’écoles. Bien que le curé ait prévenu les catholiques, aucun d’entre eux ne s’y est rendu, en sorte que les affaires d’écoles sont encore entre les mains des protestants ; qu’attendre d’eux pour encourager les écoles catholiques?

Cette élection fut annulée, puisque, le 27 août suivant, Robert McKeage, Jacques Marceau, Louis Breton, Thomas Lachance et Louis Mercier furent désignés par le Gouvernement pour remplir les charges de commissaires et Philéas Lessard fut nommé secrétaire-trésonier.

En 1862, il y a quatre écoles en opération d’après le système volontaire, parce que les gens ne veulent pas entendre parler de cotisation forcée. La tradition rapporte que la premiere titulaire de la classe du la village fut Caroline Breton qui en 1863 épousa Ferdinand Fillion.

Au ler septembre 1864, il y avait trois écoles, dont une n’avait fonctionné que deux mois, une autre cinq, l’autre enfin toute l’année avec à peine douze élèves. En 1866, alors qu’il n’y a que deux écoles, on voudrait en ouvrir deux autres, mais les maîtresses sont difficiles à trouver, comme si le mot Broughton les effrayait. En 1867, il y a six écoles fréquentées par 244 enfants. Les parents manquent d’y envoyer leurs enfants régulièrement. Pour quelques-uns, c’est la grande distance, un peu le caprice, et d’autres en ont besoin pour les travaux.

10 - Quelques miettes historiques en attendant l’érection canonique

Après le feu de la chapelle et des dépendances de la Mission, M. l’abbé Pelletier, qui n’a pu sauver qu’une très petite partie de ses effets, se retire au presbytère de Saint-Pierre. Avec une santé défectueuse, il quitte la Mission et est remplacé par M. l’abbé B.-Claude Guy en septembre 1872. La population était alors de 530 âmes, comprenant 92 familles. Il n’y a point de médecin, mais les sages-femmes jouissent d’une bonne réputation.

En août 1871, le notaire Damase Ollier, nouvellement arrivée dans Broughton, succède à Napoléon Lemieux, comme secrétaire-trésorier de la commission scolaire, et deux nouveaux commissaires, Damase Beaudoin et Jean Gagné, sont élus.

Le 13 decembre 1873, dans presque tous les coins de la paroisse, on note qu’il y a eu de nombreux départs pour les Etats-Unis. Dans un seul rang, où il y avait 20 familles, il n’en reste que deux.

Près de la petite chapelle, bâtie au printemps 1872, après le feu, et qui servit au culte jusqu’à l’automne, la maison de Sidras Lessard a servi de sacristie à la chapelle bâtie par M. l’abbé Guy, en 1873, durant l’été. Au mois de décembre 1873, M. Guy transporte son mobilier à East-Broughton, et cette petite maison, servant jusque-là de sacristie, devient le presbytère, et le sera jusqu’en 1893. En même temps, M. l’abbé Guy a charge de Saint-Coeur-de-Marie durant sept ans, alors qu’en 1879 un curé y est nommé.

La population catholique est de 580 âmes en 1874, de 785 en 1877 et de 1,000 en 1880. Il y a cinq familles protestantes et trois familles irlandaises. Le village n’a que trois maisons en 1874. En cette année 1874, le revenu de la Fabrique s’est élevé à $180.50 et les dépenses à $95.70. II y a 46 bancs dans la chapelle. Le cimetière occupe une superficie d’un arpent. Il est entouré d’une clôture en perches ordinaires. Les fidèles sont assez zélés pour les diverses confréries, excepté pour celles où il faut payer. Les elections se font assez paisiblement, à en juger par la dernière. On ne vend pas de boisson durant les offices.

11 - Erection canonique de la paroisse du Sacré-Cœur-de- Jesus

A la suite d’une requête qui lui avait été présentée le 7 novembre 1881, l’archevêque de Québec, Mgr Alexandre Taschereau, émet, le 30 décembre 1881, le décrêt de l’érection canonique de la paroisse du Sacré-Coeur-de-Jésus. Comme ce décret est purement ecclésiastique, il restera au gouvernement à le confirmer.

En cette année 1881, il y avait 195 familles catholiques pour un total de 1,020 âmes et 20 familles protestantes comprenant 120 âmes. En 1884 on compte 1,265 âmes dans 240 families catholiqucs. Il y a des familles qui ne vivent pas de la culture et ne donnent pas de dîme; elles devront verser au curé la somme de $2.00. Quant à celles dont la dîime n’atteint pas $2.00, elles devront compléter en argent.

Le 12 mai 1881, un événement d’une importance capitale, ce jour-là, le service régulier des trains est inauguré entre Québec et Sherbrooke. Avec l’érection d’une gare à Broughton, il se forme un petit noyau d’habitations et le commerce des boissons est la préoccupation de quelques habitants de l’endroit.

Le 24 mars 1882, la Fabrique est autorisée à donner à la commission scolaire un terrain au nord-ouest de la chapelle pour y bâtir une maison d’école.

Le 18 mars 1883, on fait l’élection des premiers marguilliers de la paroisse. Jean-Baptiste Dodier, vénérable vieillard de 85 ans, est élu en reconnaissance des nombreux services qu’il a rendus au commencement de la Mission en livrant sa maison au culte pendant une quinzaine d’années. C’est lui qui fut nommé président des syndics en 1870, lorsque qu’on acheta le terrain actuel sur le lot 16 du 6ième rang.

Le 8 février 1883, une requête est présentée pour construire une nouvelle église. L’autorisation est accordée, le 17 février suivant, de bâtir avec façade au chemin dont elle sera éloignée de 90 pieds et au sud-ouest de la chapelle actuelle.

12 - Et le temps poursuit sa course

Le 1er août 1882, les habitants de la Station de Leeds voient avec plaisir l’ouverture d’un bureau de poste. James McGee en est le premier titulaire.

En ces temps-là, les jours de fêtes et les dimanches, on laissait les chevaux au repos et l’on voyageait à pied. Les robustes filles de tous les coins se rendaient à l’église à travers les champs pour ne pas rallonger leur trajet. Elles chaussaient leurs souliers sauvages et apportaient sous le bras leurs chaussures françaises ou leurs souliers. Arrivées à proximité de l’église, elles ôtaient leurs souliers de boeuf, les cachaient sous une clôture ou à l’ombre des taillis, et chaussées de leurs atouts du dimanche, elles se rendaient à l’église, gentilles à ravir.

Le premier janvier 1884, on donne des noms de saints aux différents rangs de la paroisse. Rang 4 : St-Joseph; Rang 5 : Ste-Anne; Rang 6 : Ste-Marie ; Rang 7 St-Jean-Baptiste ; Rang 8 Ste-Philomène; Rang 9 : Saints-Anges ; Rang 10 St-Etienne.

Le 4 décembre 1884, eût lieu la bénédiction de la nouvelle église par M. le curé F.-X. Tessier, de Beauceville, alors que la bénédiction de la première pierre avait été faite le 20 juin précédent par M. le curé Martin, de Saint-Frédéric. Cette église avait 162 pieds par 54.

Au cours de l’été 1890, MM. les curés Savoie (Saint-Pierre), Guy (East-Broughton) et Auclair (Saint-Coeur-de-Marie) unissent leurs efforts pour convaincre leurs ouailles de la nécessité de construire sur les confins des trois paroisses, au village de la Station, une chapelle dédiée à Sainte Anne. Le 13 novembre de la même année, le cardinal Taschereau approuve leur projet et la chapelle aura 72 pieds de longueur sur 35 de largeur et 17 pieds de hauteur. Le 17 août 1891, M. le curé Guy procède à la bénédiction de la nouvelle chapelle.

Le 7 novembre 1890, l’autorisation est accordée de construire un nouveau presbytère au prix de $3,000.

A l’automne de 1894, malgré une requête pour garder M. le curé Guy, les paroissiens le voient partir avec regret après 21 ans de ministère à East-Broughton.

13 - La fin du premier quart de siècle et le début du deuxième

A l’automne de 1894, M. l’abbé Onésime Naud arrive en notre paroisse pour l’édifier pendant neuf ans par sa dignité, sa piété et son zèle dévorant pour le salut des âmes.

On raconte que le 22 mai 1895 un incendie se déclarait dans les bois avoisinants de la Station de Leeds et se propageait avec une telle rapidité que bientôt le village était menacé. Heureusement l’élément destructeur fut contrôlé avant de l’atteindre.

A l’élection de 1897, le Dr D.-S. Béland est élu pour la première fois député de la Beauce.

L’année 1899 et la suivante, plusieurs paroissiens accourent au Klondyke pour y chercher fortune dans l’or. Peu d’entre eux trouvèrent ce qu’ils cherchaient et revinrent plus pauvres, si ce n’est en or, du moins en santé.

Le 26 septembre 1897, on annonce qu’une assemblée sera tenue chez Mathias Cloutier, au 3e rang, en vue de détacher un bout du 4e rang de notre paroisse et l’annexer Saint-Frédéric. Une nouvelle paroisse, Saint-Jules sera formée à même Saint-Frédéric, Saint-Victor et Saint-Joseph.

Le 22 octobre 1903, le nouveau couvent du village est béni. Il sera sous la direction des Soeurs du Perpétuel-Secours, de Saint-Damien. Le fondateur de cette communauté, M. l’abbé S. Brousseau, était venu en notre paroisse le 2 juin 1901 et c’est alors que le salaire des religieuses avait été fixé à $100 par année.

Le 16 novembre 1903, M. le curé Naud décédait à l’âge de 61 ans. Il fut inhumé dans l’église de notre paroisse, sous le choeur, du côté de l’évangile, devant le maître-autel. Lorsque l’église brulât en 1906, le corps de M. l’abbé Naud fut transporté temporairement au cimetière et le 10 octobre 1908 on le transporta dans l’église neuve, et il fut enterré sous l’autel de la Sainte Vierge, du côté de l’épître. Au service, l’église était bondée de fidèles et de prêtres qui se devaient de ne pas l’oublier dans la mort.

 

Tiré de: Centenaire d’East-Broughton 1871-1971

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