Bonjour à tous
Enfin, de la bière
Dès les premières années de la colonie, des habitants fabriquent leur propre bière. En 1647, les
pères jésuites construisent une brasserie pour répondre aux besoins de la communauté. Trois-Rivières
et Montréal les imitent bientôt. Mais aux dires de Talon, la consommation de l'eau-de-vie et du
vin est trop élevée. Les importations d'alcool représentaient alors une somme de cent mille livres.
Talon décide donc, en 1668, de construire une brasserie pouvant répondre aux besoins de la
population. Le lundi 5 mars de la même année, le Conseil souverain émet une ordonnance
restreignant la soncommation d'alcool et de vin, mais favorisant la fabrication de la bière.
«Sur ce qui a été remontré, y lit-on, que la trop grande quantité de vins et d'eaux-de-vie qui
sont annuellement apportés de France et qui se consomment dans ce pays est un moyen qui nourrit
la débauche de plusieurs de ses habitants, qui les divertit du travail et ruine leur santé par
des fréquentes ivrogneries», il est à souhaiter d'établir une brasserie. Nouvel intérêt pour
les habitants invités à vendre leur surplus de grains et, avec l'argent de la vente, à se
procurer d'autres biens.
Pour faciliter l'établissement d'une brasserie, le Conseil souverain établit le monopole de la
fabrication de la bière, mais maintient pour les individus la permission de continuer le brassage
artisanal «pour son usage particulier et de ses domestiques seulement». De plus, défense est
faite «à tous marchands forains d'apporter de France ou d'ailleurs en ce pays des vins et
eaux-de-vie au-delà de ce qui leur sera permis à peine de confiscation et de l'amende».
L'importation totale, une fois les brasseries en opération, ne devra pas dépasser 800 barriques
de vin et 400 d'eau-de-vie. Le Conseil fixe aussi le prix de vente de la bière qui est «une
boisson nourrissante et saine» : vingt livres, pour une barrique de bière en gros «le fût non
compris»; au détail, le pot se détaillera six sols.
La production annuelle de la brasserie de
Talon se chiffre à 4,000 barriques, la moitié pour la consommation des habitants du pays, le
reste sera exporté aux Antilles.
Source : Nos Racines p. 199
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