Bonjour à tous
Oubli volontaire? et Bigamie
involontaire
Oubli volontaire ?
Robert-Lionel Séguin, dans son ouvrage La vie libertine en Nouvelle-France au dix-septième
siècle, a relevé quelques cas de bigamie dont la justice locale eut à s'occuper. Ainsi, en
1650, Michel Chauvin, demeurant à Ville-Marie (Montréal) est accusé de bigamie. Il doit
expliquer sa conduite devant monsieur de Maisonneuve et le père jésuite Claude Pijart. Il
juge préférable de s'enfuir et de retourner en France. Trois ans auparavant, il avait épousé
Anne Archambault, la fille de Jacques Archambault. Tout allait bien pour le couple jusqu'au
jour où Louis Prud'homme revient d'un voyage en France.
Ce dernier raconte ainsi au greffier la nouvelle surprenante de sa découverte " Étant au lieu
de La Flèche, en Anjou, un homme s'adressant à moi me demanda des nouvelles de Michel Chauvin.
Sur quoi, il lui dit qu'il se portait bien et qu'il était marié à Montréal. À quoi cet homme me
répliqua que c'était un méchant homme parce que, auparavant que ledit Chauvin alla en la
Nouvelle-France, il avait épousé sa cousine germaine, laquelle était encore en vie et se
portait bien et qu'elle faisait sa demeure proche de Sainte-Suzanne, à dix lieues loin de
la Flèche, dans un village dont il ne se souvient plus du nom. "
Quelle malheureuse rencontre pour Chauvin! Sa nouvelle femme a déjà donné naissance à un enfant
nommé Paul qui mourra à l'âge de sept mois. Elle est enceinte au moment où le drame éclate. Le
tribunal condamnera le bigame à verser une certaine somme d'argent à son épouse canadienne.
Une aventure quasi identique arrive à Pierre Bissonnette de Montréal. En 1661, alors qu'il
travaille à défricher une terre qu'il vient de louer, un de ses nouveaux voisins vient lui
rendre visite. On apprend alors que Bissonnette avait déjà une femme en France. Les autorités
religieuses et civiles sont saisies de l'affaire.
Bigamie involontaire
Plus triste est le cas de Pierre Pichet, de la région de Poitiers.
" Au printemps de 1662, raconte Robert-Lionel Séguin, il s'embarque sur un voilier en partance
pour Québec. Âgé de vingt-six ans, Pierre laisse une femme en France avec l'intention, bien
arrêtée, de la rappeler sitôt qu'il sera définitivement établi en Nouvelle-France. Effectivement,
le jeune poitevin trime dur à la journée longue.
Quelque temps après son arrivée, Louis Pichet, son frère, lui avait envoyé une lettre missive par
laquelle il lui mandait que Marie Lefebvre, sa femme, était décédée. Sur la foi de cette triste
nouvelle Pichet se croyant désormais aussi libre que l'air, s'éprend de Catherine Durant qu'il
épouse, à Québec, le 25 novembre 1665. "
Le couple Pichet-Durant donne naissance à trois enfants. En 1671, un visiteur annonce aux jeunes
mariés que Marie Lefebvre est toujours vivante! Bigame involontaire, Pichet prend rapidement
une décision : il retourne en France retrouver sa première épouse. Il la convainc facilement
d'émigrer avec lui au Nouveau-Monde, où l'attendent les problèmes qui vont surgir de son deuxième
mariage. Lors de la traversée de retour à Québec, Marie Lefebvre meurt! L'imbroglio se dénoue du
fait même et Pierre Pichet peut retrouver en paix Catherine Durant qui lui donnera quatre autres
enfants.
Source : Nos racines p 14
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