Bonjour à tous
Conflit familial
Quand le lien familial devient conflictuel
La famille, dit-on souvent, est au coeur de la vie sociale en Nouvelle-France. Malgré et peut-être
à cause de son importance, la famille est parfois le théâtre de conflits. Patrick Auffret
mentionne à cet effet les principaux obstacles à la paix familiale. Il en dénombre essentiellement
quatre: le mauvais mariage, un mauvais enfant, de mauvais parents, les fréquents litiges lors du
règlement des successions.
Ainsi, des conflits prennent parfois naissance à l'intérieur de la cellule de base de la vie
familiale, le couple. Ces disputes peuvent être de plusieurs ordres. Elles relèvent généralement
de l'incompréhension ou de l'irresponsabilité d'un des deux époux, des mauvais traitements
normalement exercés par l'homme, de l'adultère et de la mauvaise gestion des biens familiaux.
Un des individus sélectionnés a intenté un procès pour adultère contre son épouse. Il s'agit d'Étienne
Bouchard. Le dossier judiciaire ne comprend malheureusement que le jugement rendu par Paul de
Chomedey de Maisonneuve. On y apprend tout de même que Marguerite Boissel, l'épouse de Bouchard,
s'est abandonnée, au préjudice de la fidélité conjugale, à Jean Aubuchon dit Lespérance, pendant
les vêpres.
Le mari cocu n'a pas manqué de rajouter dans sa plainte que le bruit des rapports
extraconjugaux de son épouse " estoit tout commun dans l'habitation ". Suite aux comparutions
des témoins et aux interrogatoires, les deux amants ont été déclarés coupables. Jean Aubuchon a
dû verser une somme de 600 livres d'amende en plus d'être banni à vie de l'île de Montréal, alors
que Marguerite Boissel a été privée des dots et douaires mentionnés dans son contrat de mariage.
Étienne Bouchard obtenait de surplus le droit d'enfermer son épouse sa vie durant ou même de la
retourner chez ses parents. Ce cas exceptionnel montre l'importance des rumeurs dans l'attitude
adoptée par un individu face à une situation délicate. Étienne Bouchard, dont l'honneur a été
touché par les racontars venus à ses oreilles concernant les escapades amoureuses de sa jeune
épouse, ne pouvait que porter plainte à la justice.
Il semble que ce procès n'ait pas mis fin
aux aventures extraconjugales de son épouse, puisqu'il signait une déclaration à cet effet devant
Basset le 10 juillet 1676.
Source : MSGCF v54-3-237 p.207
|