L'âge de la majorité
Selon FQSG, Cybergénéalogie 22 octobre 2012, Vol. 1 # 15
Le saviez-vous ?
Au début de la colonie en Nouvelle-France la majorité est de 25 ans, fixé à 21 ans à la suite de la
Proclamation royale de 1763, l'âge de la majorité est ramené à 25 ans en 1774, par l'Acte de Québec,
avant d'être à nouveau fixé à 21 ans, par une ordonnance du gouverneur Haldimand, en 1782. Depuis 1971
elle est fixée à 18 ans.
L'Église a toujours eu une autorité considérable à travers les siècles, mais c'est au moyen âge que
celle-ci c'est affirmer davantage, en s'immisçant dans la vie familiale de ses paroissiens. Jusqu'à
cette période le rapport des parents à l'enfant n'était pas très développé. Exception faite pour les
familles royales et certaines familles nobles, pour la transmission de leurs terres et de leurs
titres. Pour les paysans c'était un petit être fragile et à laquelle on ne s'attachait pas trop, car
la mortalité infantile était très élevée. L'« invention » des limbes* au XIIIe siècle accroît
l'importance de l'immédiateté du baptême, le rendant indispensable pour tous, même aux enfants à
naître, car un enfant mort sans baptême sera dans les limbes pour l'éternité, privé ainsi de la
vision de Dieu. Torture morale pour les parents croyants, la dévotion populaire mis alors en place des
sanctuaires à répit : les enfants ressuscitent miraculeusement le temps de recevoir le baptême.
L'Église médiévale s'occupera de plus en plus de la vie familiale de ses paroissiens, en les encadrant
rigoureusement et en leur promettant l'enfer à chaque faux pas. C'est l'époque de l'apparition des 7
péchés capitaux, le mariage comme sacrement (concile de Latran IV)...
Fœtus et nouveau-né
Pour les parents : le fœtus a une conscience : il a peur du noir, il pleure, il s'ennuie, il joue dans
le ventre de sa mère, il peut tomber malade. On croit aussi qu'il peut décider, par lui-même, de ne
pas naître et de remonter haut dans l'utérus. Le fœtus sait déjà prier Dieu, il peut donc être béni in
utero.
Pour le médecins : le fœtus est un enfant à part entière. Au XIe siècle, il mérite ce nom dès lors
qu'il prend forme humaine et qu'il a reçu le don de l'âme par infusion*. Pour Barthélemy l'Anglais,
encyclopédiste du XIIIe siècle, l'animation du corps se produit au 46e jour de grossesse, sans
considération de sexe. Alors que pour Aristote, suivi par l'Église médiévale, elle s'effectue 40 jours
après la conception pour les garçons et 90 jours après pour les filles.
Pour les juristes : le fœtus n'a droit au nom d'enfant qu'après la naissance, avant il est appelé le
« fruit ». C'est une personne à laquelle on reconnaît certaines capacités, il a donc des droits : il
est considéré comme un héritier à part entière : un père peut doter sa fille à naître, ou réserver une
part d'héritage pour son fils en gestation. Le nouveau-né n'acquiert pas son statut d'enfant au moment
précis où il naît, mais quelques secondes après : quand il pousse son premier cri. Grâce au premier
cri de l'enfant, le père pourra conserver la dot de son épouse morte en couches au lieu de la restituer
aux parents de la défunte, comme le veut la coutume.
L'âge de la parole
3 ans est considéré comme le début de la lente transformation de l'enfant en adulte : c'est l'âge de
la parole, de la maîtrise de la marche et de la course, de l'habileté manuelle. Les héros de romans
médiévaux sont savants dès 3 ans.
L'âge du jeu
5 ans est considéré comme l'âge de pré-raison et du jeu. Les parents commencent l'éducation de leurs
enfants même s'ils ne vont pas encore à l'école et non pas atteint l'âge de raison. Les enfants de
moins de 7 ans ne pensent qu'à jouer, c'est pourquoi, même s'ils sont libres de s'ébattre dans la rue,
où ils font des bêtises et des petits vols, les parents doivent encore les surveiller.
L'âge de raison
Partout en occident, 7 ans c'est l'âge de raison. Les enfants sont considérés comme des paroissiens à
part entière, tous : riches et pauvres, nobles et paysans, ont l'obligation d'assister à la messe du
dimanche et d'apprendre les prières majeures en latin (Notre-Père et Je vous salue Marie). À cet âge
il est jugé capable d'assumer des responsabilités matérielles (garder des poules, des vaches),
comprend la différence entre le bien et le mal et est susceptible d'être puni.
À partir de 6 ans, l'enfant doit être socialisé et scolarisé. À partir de 7 ans, tout enfant est jugé
bon pour l'école, pour l'enseignement en latin du chant d'église et les bonnes manières. Les
précepteurs souhaitent que la transition soit douce et que les parents se montrent tolérants, car
l'enfant ne devient pas raisonnable du jour au lendemain.
Les premiers travaux
Il n'est pas conseillé de mettre les enfants de 7 ans au travail. Entre 7 et 13 ans, les enfants ne
doivent pas entreprendre de grands travaux, ni faire les œuvres de chevalerie, afin que leur
croissance ne soit pas empêchée.
L'âge des responsabilités
10-11 ans est une phase charnière, juste avant l'âge adulte. Les parents avaient l'obligation de les
surveiller : de la naissance à 10 ans les enfants sont en péril de mort et de maladie. Il faut, dès
cet âge, séparer les filles des garçons et veiller à ce qu'ils ne dorment plus dans le même lit...
La majorité
12 ans, en Europe occidentale, c'est l'âge de la majorité pour les filles et de la pré-majorité pour
les garçons. 12 ans est l'âge minimum pour prêter serment et pour que le témoignage, dans une affaire
criminelle, soit jugé recevable. Les juges estiment que sa mémoire est digne de confiance depuis 2
ans. Il peuvent prendre des décisions qui engagent leur vie; à partir de 12 ans c'est l'âge à laquelle
un jeune remis au monastère durant son enfance peut renoncer à la vie conventuelle. Il peut aussi
conclure une transaction commerciale.
La puberté
Dès l'âge de 12 ans se pose la délicate question de la sexualité. L'enfance c'est la pureté,
l'adolescence c'est l'impureté. Garçons et filles sont constamment soupçonnés d'être sur le point de
succomber à la tentation du péché de chair : on redoute que les filles tombent dans la prostitution
et que les garçons ne se laissent aller à pratiquer le viol, l'inceste avec leur mère ou encore la
sodomie.
L'adulte
La phase que nous appelons « adolescence » correspond, au Moyen Âge, à l'entrée pleine et entière dans
la vie adulte. 14 ans est l'âge minimum de l'entrée à l'université, réservée exclusivement aux hommes.
Les apprentis entre 14 et 25 ans sont considérés comme « mineurs pubères » le temps de leur
subordination à un maître. C'est l'âge du mariage surtout pour les jeunes filles nubiles, car avec
l'apparition des règles, celles-ci risquent de ternir l'image de la famille si elles tombent
enceintes.
*Limbes : Dans la religion catholique, lieu de séjour éternel entre l'enfer et le paradis, pour les
enfants morts sans baptême.
*Infusion: manière surnaturelle dont les grâces sont infusées dans l'âme. Le Saint-Esprit est un
maître invisible et secret qui se communique à l'âme par l'infusion de la vérité.
Sources : Le Goff, Jacques & Nicolas Truong. Une histoire du corps au Moyen-Âge. Paris. Liana Levi.
2003. 196 p.
Delort, Robert. La vie au Moyen Âge. Paris, éd du Seuil. 1982. 323 p.
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