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Bonjour à tous
Les Beaudry
Puissance et audace, hardiesse et richesse sont les symboles caractérisant le nom de Baudry, tel
qu'il s'orthographiait avant le 19e siècle et tel que le portaient ces Toussaint, Urbain, Jacques,
Pierre, Antoine et Toussaint-Auguste. Fils de la Touraine, de la Saintonge, de l'Anjou, du Maine,
de la Normandie et de Poitou, ils ont, chacun à leur tour et chacun à leur manière, contribué à
donner aux enfants de France une terre d'Amérique. Soldats ou colons, défricheurs, couvreurs
taillandiers ou cloutiers, ils ont, au 17e et au 18e siècle, foulé un sol qui était à défricher,
coupé des arbres pour s'abriter, creusé des puits pour boire et ouvert des chemins pour avancer et
aller au-delà des rives des principaux cours d'eau. Leur richesse aura été de croire qu'un monde
pouvait naître du labeur individuel.
Urbain Baudry dit Lamarche est le premier de ce nom à débarquer en Nouvelle-France, on ne sait ni
où, ni quand. Originaire du bourg de Luché, dans l'Anjou, il est né en janvier 1615, du mariage
de Jean et de Jeanne Bertin. En France, il apprend le métier de taillandier et acquiert certaines
autres connaissances puisque, d'après des documents consultés par !e généalogiste Archange Godbout,
il signe Urban Baudri.
On rencontre cet homme pour la première fois en Nouvelle-France, dans la région de Trois-Rivières
où, le 16 juillet 1646, le gouverneur de la Nouvelle-France, monsieur de Montmagny lui concède
une terre de 24 arpents voisine de celle de Jean Godefroy, l'un des fondateurs de cet important
poste de traite. Ainsi, devenu propriétaire d'une terre où il a sans doute élevé une modeste
maison, Urbain Baudry dit LaMarche songe à se marier.
Le 18 novembre 1647, amoureux de Madeleine Boucher, fille de Gaspard et soeur de Pierre, futur
gouverneur de la ville, il promet, devant notaire, de la prendre pour femme. La mariée, née en
1634 ou en 1635, n'est donc âgée que de 12 ou 13 ans. C'est à cette extrême jeunesse, sans doute,
que le couple devra d'attendre trois ans la naissance de leur premier enfant, Marie, née le 2
décembre 1650.
Baudry est taillandier, mais aussi colon et défricheur, ce qui ne suffit pas toujours à faire
vivre grassement une famille, si petite soit-elle. C'est pourquoi il accepte, au mois d'août
1649, de faire les pointes de 400 pieux qui sont probablement destinés à fortifier le fort de
Trois-Rivières, toujours menacé d'une attaque ennemie.
Le 17 janvier de la même année, il avait assisté, à titre de témoin, comme l'avait fait, entre
autres, Thomas Godefroy, sieur de Normanville, à la signature du contrat de mariage liant
Pierre Boucher à sa première femme, Marie Chrétienne, une Amérindienne. Deux ans plus tard,
cependant, la situation à Trois-Rivières devient de plus en plus tendue. Au mois de mai 1652,
deux jeunes chasseurs sont tués non loin de la barricade de pieux qui protège la bourgade. Le
18 août suivant, quatorze Trifluviens gui accompagnent le gouverneur Guillaume Guillemot
Du-Plessis Xerbodot sont tués ainsi que le gouverneur lui-même. Sept hommes sont faits
prisonniers. Parmi eux, Thomas Godefroy, sieur de Normandie, devait mourir sur le bûcher.
C'est suffisant pour que Urbain Baudry et sa femme, qui n'ont encore qu'un enfant, songent
à quitter le poste pour aller rejoindre le gros des colons de la Nouvelle-France, à Québec.
Le 7 novembre 1652, le couple vend la terre du Cap à Pierre Boucher et obtient, par donation
le 8 décembre, la terre que possèdent Toussaint Toupie sieur du Saut et Marguerite Boucher,
la soeur de Madeleine, sur la côte de Beaupré, dans la paroisse du Château-Richer.
II est difficile de dire que la famille s'installa sur cette terre où elle vécut, heureuse...
car il semble plutôt que Madeleine et Urbain aient préféré Québec et ses fortifications aux
beaux prés du Château-Richer. Le 19 octobre 1653, Urbain Baudry est à Québec où il s'associe
au taillandier Denis Derome et, le 13 du mois suivant, son fils Joseph est baptisé à Québec.
Archange Godbout retrace Urbain Baudry à Trois-Rivières, en 1661. Trois ans plus tôt, la
terre du Château-Richer a été vendue à Julien Fortin dit Bellefontaine. En 1667, l'ancêtre
est au Cap-de-la-Madeleine où plus de vingt arpents sont en culture. Plus tard, en 1881, la
famille semble être revenue vivre définitivement à Trois-Rivières où son chef a peut-être
remis sur pied une boutique de forge comme il en avait une avant 1652. C'est possible car,
vers cette époque, Baudry loue son soufflet de forge à Jacques Jouiel dit Bergerat.
Urbain Baudry est décédé le 22 août 1682. Son corps est inhumé, le lendemain, dans l'église
de Trois-Rivières. Sa femme, Madeleine, ne se remaria pas. Elle devait le suivre dans la tombe,
à la mi-septembre 1691, après avoir achevé l'éducation de ses enfants. Elle en avait donné onze
aux Baudry, sept filles et quatre fils. De ce nombre, sept devaient faire alliance. Marie
épousa Jacques Lefebvre, Guillaume dit des Buttes, épousa Marie-Anne, fille de l'arquebusier
Jean Soulard, Jeanne épousa Jacques Duguay, Madeleine contracta deux alliances, la première
avec Jean de Puybarreau de Maisonneuve et la seconde avec Mariera Tailhandier. Marguerite
épousa François Poisson; Françoise devait conclure une alliance malheureuse avec Jacques Rondeau.
Quant à Marie-Madeleine, elle épousa Jacques Hubert.
Les descendants de Urbain Baudry et de Madeleine Boucher ont porté les surnoms de Lamarche,
des Buttes et Soulard
Nos Racines vol. 36
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