Bonjour à tous
Isidore Bernier-Lafeuille
Dans "L'histoire de la Côte-du-Sud (Montmagny), édition de novembre 1993", un événement historique,
intitulé "Les ravages de 1759" relatif à notre famille nous intéresse: "Le général anglais Wolfe
excédé par ses insuccès à prendre pied du côté de Québec, ordonne la dévastation systématique
des campagnes environnantes. Le reste de l'été se révèle désastreux pour la Côte-du-Sud. Après
une expédition de destruction dans Charlevoix, les "rangers" du capitaine Goreham traversent
à Sainte-Anne le 15 août 1759 et y brûlent une cinquantaine de bâtiments. Mais le pire reste
à venir. Au début de septembre, une flottille dirigée par le major George Scott descend
l'estuaire.
Parvenu à la hauteur de Kamouraska le 7 septembre, un détachement met pied à terre
le 9, et entreprend des dévastations qui se poursuivent jusqu'au Cap-Saint-Ignace où la troupe
rembarque le 17. Entre temps un millier de maisons et de bâtiments de ferme sont incendiés dans
les paroisses se trouvant sur la route du major Scott et ce, malgré les embuscades tendues ici
et là par les habitants". Voici l'histoire d'une famille Bernier qui a dû souffrir de cet
événement tragique et historique.
Au Cap-Saint-Ignace et à l'Islet, vous vous trouvez au beau milieu des Bernier. Quant à la
branche Bernier qui a nom "Lafeuille", écoutez-en l'explication par M. Eug. Renaud: (Ré:
"Le Javelier, revue de la Société historique de la Côte-du-Sud, édition de juin 2002, page
4 ". Ce Bernier est mort à l'Islet, il y a environ dix ans. (l'histoire date de 1872 environ)
Ce centenaire était connu dans tous les cantons environnants sous le nom de Lafeuille. Ce nom
est un sobriquet qui tire son origine d'un épisode intime de l'invasion anglaise, en 1759.
"Les Anglais étaient débarqués à l'Islet et les vieillards, les femmes et les enfants, les
jeunes gens étant tous partis pour aller défendre Québec menacé, la femme d'un brave cultivateur,
du nom de Bernier, lequel était dans le temps sous les drapeaux, accoucha pendant ce séjour
dans la forêt, d'un enfant mâle, que toutes les compagnes de la jeune mère baptisèrent du nom
de Lafeuille, pour perpétuer le souvenir du fait que le nouveau-né n'avait eu pour berceau que
des feuilles. Or, pour donner une idée de la vivacité des souvenirs chez notre population des
campagnes, il suffit de constater que, depuis, toute cette branche de la nombreuse famille
Bernier n'est plus connue que sous le nom de "Lafeuille".
Les anciens seuls se rappellent
que la famille Lafeuille portait autrefois le nom de Bernier. Le premier Lafeuille est mort
plus que centenaire et toute la population de l'Islet peut témoigner qu'à cent ans, le père
Lafeuille se rendait encore à pied à l'église paroissiale, distante de plus d'une demi-lieue.
Preuve de plus qu'on peut gagner quelque chose, même physiquement à ne pas avoir été bercé sur
les genoux d'une duchesse ou sur le duvet." (Ré: J.M. LeMoine, l'Album du touriste, Québec,
Augustin Côté et Cie, 1872, page 299).
La seule personne dont la sépulture concorderait dans les registres est Isidore-Pascal Bernier,
veuf de Geneviève Dupont, inhumé à l'Islet le 18 décembre 1855 à l'âge de 97 ans. Serait-ce
l'enfant né "l'année des Anglais?". Si oui, l'âge ne serait pas tout à fait exact. Il faut
bien avouer cependant, passé un certain stade, la précision quant à l'âge du défunt n'était pas
des plus rigoureuses.
L'hypothèse se trouvera confirmée par un document conservé aux archives de la Côté-du-Sud,
provenant de la fabrique du Cap-Saint-Ignace. On y retrouve un cahier retraçant les principales
familles et les plus anciennes de la paroisse avec quelquefois la destinée de certains.
L'acte de mariage de Pascal Bernier, le 19 juin 1787 à l'Islet, nous dit qu'il est le fils de
Jean-Baptiste Bernier et de feu Marie-Louise Langlois. Dans le cahier, nous retrouvons
effectivement le couple Bernier-Langlois avec ses enfants et parmi ceux-ci se trouve Isidore
dit Lafeuille. Ce sont les descendants d'Isidore-Pascal Bernier et de Geneviève Dupont qui
comptent parmi les rares pouvant prétendre connaître les circonstances particulières de la
naissance de leur ancêtre il y a de cela deux siècles et demi!"
Les descendants de cet ancêtre ont transmis à Claude Bernier, généalogiste de Disraéli, une
version à peu près semblable: "L'épithète "Lafeuille" vient du fait que voici: "Pendant la
révolution soulevée par Colborne, surnommé "Le vieux Brûlot", le père d'Isidore Bernier
vivait tranquillement dans sa maison avec sa femme qui était alors enceinte, lorsque les
révolutionnaires vinrent mettre le feu à leur maison. Ils se virent obligés de se réfugier
dans la forêt pour échapper aux mains des incendiaires. C'était l'automne, la saison où les
feuilles tombent. Et c'est pendant la nuit qu'Isidore Bernier vient au monde et comme il
fait son apparition à la vie sur les feuilles, le surnom lui est resté en souvenir de ce
fait mémorable dans l'histoire de la famille Bernier.
Un membre de cette famille vint s'établir à l'Islet. Le long de sa terre, une route fut ouverte
qu'on appela la route «Lafeuille». Cette route, dit-on, ne porte le nom de "Lafeuille" que dans
la partie du second rang qu'elle traverse. Dans la partie du 1er rang. elle s'appelle "La route
des cendriers", (Source: "Quand l'église rythmait la vie", archives de Bon-Secours de l'Islet,
1993).
Conclusion: l'article de James LeMoine pré-cité, date de 1872. Il aurait sans doute pu vérifier
si les répertoires paroissiaux, ou d'autres bottins d'adresses, comportaient ce surnom de
Lafeuille comme patronyme. Aujourd'hui, nous n'en trouvons aucun qui a conservé ce sobriquet.
Les légendes faisant partie de notre patrimoine, réjouissons-nous que notre famille fasse
l'objet de l'histoire du passé. Quoiqu'il en soit, l'anecdote est belle, savoureuse et véridique
et nous devons la converser pieusement dans nos mémoires.
Source : Cyril Bernier
le 8 décembre 2002.
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