Bonjour à tous
Louis Boulduc-Bolduc
L ouis
Boulduc était originaire de St-Benoit de Paris, Ile-de-France. Il appartenait à une
famille dont une branche fut plus tard anoblie. Il vint au Canada avec le célèbre régiment de
Carignan, compagnie de Grandfontaine, en 1665. En 1668, il fut licencié et s'établit à
Charlesbourg. La même année, il épousait à Québec, Élisabeth Hubert. En 1674, il vendit son
habitation de Charlesbourg et vint s'établir à Québec. Deux ans plus tard, il était nommé
procureur du Roi pour la prévôté de Québec.
Il occupa cette charge durant six ans. Pendant ce temps il eut de longs démêlés avec le
Conseil Souverain et en particulier avec l'intendant Duchesneau. Condamné par le Conseil,
il dut retourner en France avec son ami et protecteur Frontenac. Quatre ans plus tard le Roi
le destitua à jamais de sa charge. Entre temps, Élisabeth Hubert, son épouse, était repassée
en France, avec une de leurs filles, Louise. Les autres enfants restèrent au Canada.
Louis fut accusé de malversations de toutes sortes et entre autres d'accepter des pots-de-vin
dans l'exercice de sa charge. Dans une lettre au Ministre le 13 novembre 1680, l'intendant
Duchesneau, écrivait ce qui suit: " Pour le procureur du roi de ce siège, le sieur Bolduc, je ne dois
pas vous dissimuler qu'il est tout à fait indigne de sa charge. Il est accusé de concussion, de vol
dans toutes les maisons dans lesquelles on le souffre, de débauche et crapule continuelle et sans que
monsieur le compte de Frontenac le protège je lui aurais fait faire son procès. Je me suis
contenté, pour ne lui déplaire, de faire au dit procureur du roi forte réprimande en
présence du sieur lieutenant-général."
Comme vous le voyez, c'était assez raide comme accusation. Pour comprendre tout ceci, il
faut bien se mettre dans l'esprit du temps. On sait les chicanes effroyables qu'il y eut entre
Frontenac et son intendant Duchesneau. Les deux s'en voulaient à mort, souvent pour des
vétilles. Or Boulduc était un protégé de Frontenac, d'où il suit que l'intendant Duchesneau
ne l'aimait guère. Il semble bien que c'est dû pour une bonne part à l'affaire Boulduc que
Frontenac fut rappelé en France. Après sa condamnation par le Conseil Souverain, Louis
Boulduc tenta à plusieurs reprises de se faire réinstaller dans sa charge, mais ce fut en vain,
comme on l'a vu plus haut. Entre temps, le gouverneur-marquis de Denonville écrivait au
Ministre ce qui suit :
"M. L'intendant dit que vous lui aviez ordonné de rétablir le nommé Bolduc dans sa
charge de procureur du Roi de la prévôté de Québec, supposé que lui et moi jugeassions
que la peine de sa longue absence fut insuffisante pour expier ses fautes; cela m'a donné
lieu de m'enquérir de la vie et moeurs de ce Bolduc. J'ai appris que c'est un fripon achevé
à ne jamais souffrir dans une pareille charge.
Ce pays-ci, Monseigneur, a besoin de châtiments pour ceux dont la conduite est méchante.
Sa femme passe cette année en France. Je lui ai volontiers donné son passeport pour
délivrer le pays d'un assez mauvais meuble. Il nous laisse des enfants qui sont réduits à
la charité des gens de bien."
Que faut-il penser des accusations qui furent portées contre Boulduc? Peu de choses en
somme, car la passion qui divisa alors Québec en deux camps fut cause de bien des écarts de
langage et sans doute d'autant d'accrocs à la vérité, sinon à la charité.
Louis Boulduc et son épouse ne revinrent jamais au Canada et il semble qu'ils soient décédés
à Paris.
Source: Dictionnaire National des canadiens français de l'institut Drouin
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