Bonjour à tous
Les Chartier
Plus de dix Français portant le patronyme de Chartier sont venus vivre en Nouvelle-France, au
XVIle et au XVIIIe siècles. La tradition veut que tous les Chartier soient issus d'une même
souche et les rattache au poète Alain Chartier, mais, en réalité, ce nom ayant été attribué
aux individus faisant métier de charretier, il est fort improbable qu'une seule famille l'ait
reçu en partage. Nos Chartier, qu'ils aient été fonctionnaires, seigneurs, tailleurs, soldats
ou chirurgiens, ont tous travaillé la terre qui leur a été donnée ici et, par là, ils ont
oublié titre et haute naissance... Après plusieurs générations, les Chartier de Lotbinière
descendants de Louis-Théandre et de Marie-Élisabeth d'Amours, n'existent plus.
D'après la généalogiste Jean Robert, ceux de Robert Chartier et de Anne Bertaut, de Pierre
Chartier et de Catherine Catin, de Nicolas Chartier dit Parthenay et de Anne Dulin, de Michel
et de Marie-Joseph Dufaux, de Guillaume Chartier et de Marguerite Abraham, de Jacques Chartier
et de Marie Martin dit Amelin, n'existent plus sous ce nom ou ils se sont perpétués en ligne
indirecte, par les filles.
On peut noter que Mathurin Chartier dit Lamarche, originaire de l'Aunis, et sa femme,
Marguerite Bénard, mariés à Montréal, le 23 mars 1699, auraient laissé des descendants
portant le patronyme Lamarche. René Chartier et Marguerite Delorme, mariés à Québec, au
mois d'octobre 1669, ont vu leur patronyme emprunter une route inusitée. Selon le généalogiste
Cyprien Tanguay, cet ancêtre vient s'établir à Lachine où, dans la nuit du 4 au 5 août 1689,
il est massacré en compagnie de deux de ses fils.
Une note du curé de la paroisse datée du 26 octobre 1694, se lit ainsi: «Nous avons envoyé
six hommes par-delà de la petite rivière de la présentation, sur l'habitation de feu René
Chartier, où lui et ses deux fils et un petit sauvage, leur esclave, de la nation Panis,
avaient été tués par les Iroquois, le 5 août 1689, et où, plusieurs personnes nous ont depuis
leur mort, rapporté avoir vu, sur la terre, leurs têtes et leurs os; mais les herbes ayant crû
depuis ce temps, ils n'ont pu en rien trouver. » Des années plus tard, le 23 mai 1701, les
restes de René reçoivent enfin leur sépulture: « Nous avons enterré, dans cette église, une
partie des os de feu René Chartier, que nous avions fait lever sur son habitation. »
Une fille de René, Jeanne, née en France d'un premier mariage avec Madeleine Ranger, épouse
Pierre Durant dit Desmarchais. Leur descendants auraient, selon Jean Robert, adopté le patronyme
de leur mère, devenant des Chartier, patronyme qui était également celui de leur grand-mère
paternelle. Certains Chartier seraient donc des Durant...
Une deuxième famille Chartier a été créée par le mariage de Michel Chartier et de Marie Magnier,
Meunier ou Mignier. Le couple, établi à l'île d'Orléans, a eu quelques enfants dont Michel et
Charles qui ont perpétué le patronyme. Le premier a été propriétaire de la seigneurie Descoudets
qu'il a vendue à son frère en 1701 avant de retourner en Acadie où il avait vécu dès 1694. On
lui attribue, à la suite de quatre mariages, 22 enfants... Un certain Louis Chartier de la
Broquetterie, vivait en Nouvelle-France vers 1655. Un autre, Louis, marié en France à Mathurine
Cacou, serait venu ici avec sa fille Jeanne, mariée le 3 novembre 1669 à Pierre Rousset, à
Sainte-Famille de l'île d'Orléans. Un troisième Louis Chartier, chirurgien, a quitté la France,
en 1653, en même temps que Guillaume Chartier.
Les deux hommes venaient renforcer la recrue levée en France par Jérôme Le Royer de la Dauversière.
II meurt noyé, le 20 juillet 1660, au cours d'une expédition menée contre les Iroquois sur la
rivière Outaouais. II était célibataire.
Guillaume Chartier, fils de Jacques et de Marguerite Loisel ou Loysel, est le plus connu des
Français de ce nom qui sont venus vivre ici. Décrit comme défricheur et tailleur d'habits, il
est établi à La flèche, en Anjou, lorsque monsieur de La Dauversière le recrute, en 1653.
Nourri et logé pendant cinq années, il a droit à un salaire annuel de soixante livres. Comme
tous les voyageurs qui s'embarquent à Saint-Nazaire, le 20 juin suivant, à bord du Saint-Nicolas
de Nantes, navire qui a tout de l'éponge et qui doit rentrer au port, il est isolé sur une île;
les passagers ne peuvent fuir pour regagner la terre ferme. Enfin, le 20 juillet, les engagés
et les voyageurs parmi lesquels on retrouve Marguerite Bourgeoys rembarquent à destination de
Québec où ils accostent le 22 septembre. Ils n'arriveront à Montréal qu'à la mi-novembre.
Une première concession donne à l'ancêtre Guillaume les six premiers arpents de terre qu'il
possédera à Ville-Marie avant d'aller s'établir à la Pointe-aux-Trembles de Montréal, vers
1674. En 1663, peu après l'arrivée d'un contingent de filles à marier dotées par le roi, Guillaume
choisit Marie Faucon ou Faulcon, 18 ans, originaire de Saintes, en Saintonge. Le 18 novembre, il
sont tous les deux présents devant le notaire Bénigne Basset et, le 17 novembre, ils s'épousent,
à Montréal.
Ils auront onze enfants, nés les uns à Ville-Marie et les autres à la Pointe-aux-Trembles. Deux
fils, Pierre et Claude, ont une destinée inconnue des généalogistes. Laurent, né en 1673, est
traditionnellement associé à la mort de Lemoyne de Bienville avec qui il aurait perdu la vie
au mois de juin 1691 dans un engagement avec les Iroquois. Si cela était vrai, malgré l'absence
de documents officiels le confirmant, Laurent serait, avec Louis, en 1660 et René, en 1689,
le troisième Chartier à avoir péri dans des expéditions de cette nature. Robert Chartier devait,
par son mariage avec Anne Dumay dit Demers, devenir l'ancêtre des Chartier dit Robert, (qui
sont devenus des Robert) ainsi que d'une branche de Chartier. Étienne, marié à Jeanne Drapeau,
devait répandre le patronyme des Chartier.
Nos Racines vol. 46
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