Bonjour à tous
Jacques-Alexis Fleury dit Deschambault
Il est né vers 1645 et décède le 30 mars 1715.
Fils de Jacques de Fleury, écuyer et avocat du roi en l'élection de Mauléon au Poitou, et de Perrine Gabar, de la
paroisse Saint-Jean de Montaigu, évêché de Luçon au Poitou, il contracte mariage devant le notaire Becquet, le
mercredi 18 novembre 1671, avec Marguerite de Chavigny, baptisée à Québec le samedi 30 mai 1643, seigneuresse de
Beaulieu, veuve de Thomas Douaire de Bondy et fille de François de Chavigny de Berchereau et d'Éléonore de
Grandmaison, et l'épouse à Québec le jeudi 19 novembre 1671. De leur union naissent sept enfants.
Son épouse décède à Montréal le vendredi 13 novembre 1705. Il contracte mariage devant le notaire Trotain, le
dimanche 8 juillet 1708, avec Marguerite-Renée Denis, veuve de Thomas Tarieu de La Naudière, baptisée à
Trois-Rivières le jeudi 29 juin 1656, fille de Pierre Denis et de Catherine Leneuf, et l'épouse à La Pérade
le lundi 9 juillet 1708.
Il s'établit à Québec. Par son union avec Marguerite de Chavigny il devient seigneur du fief de Beaulieu. Le 25
septembre 1672, il loue les terres et le manoir de Beaulieu pour cinq ans à André Métayer et Julien Samson,
moyennant quatre-vingts minots de blé par année et trente minots de pois.
Sa belle-mère Éléonore de Grandmaison a épousé Jacques Caillaud de la Tesserie. Elle possède le fief de Chavigny
sur la rive nord du Saint-Laurent entre Québec et Trois-Rivières. Avec son assentiment, son mari concède à leur
nouveau gendre, le 21 octobre 1672, dix arpents de terre de front par quarante arpents de profondeur dans la
seigneurie de Chavigny « au lieu où il adjugera bon être », à condition de faire borner le tout.
Le 20 mai 1674, Julien Samson, son fermier du fief Beaulieu, avec son autorisation, s'associe à Gilles Gaudreau
à la place d'André Métayer pour continuer le bail de ce fief. Le 16 mai 1674, Jean Hus lui doit 123 livres en
argent et marchandises. Ce même Hus, le 16 septembre 1674, s'engage à travailler pour lui en février et mars,
mais le contrat est annulé par la suite. Il vit alors à l'Île d'Orléans, mais fait travailler sur sa terre du
fief de Chavigny.
Le 16 décembre 1674, il engage Georges Tassel de Cap-Rouge pour deux mois, commençant le 20 avril, à aller
travailler sur sa terre du fief de Chavigny, et le 28 mars 1675, il en fait autant avec Barthélémy Tellier dit
Picard pour deux mois, à commencer le 20 avril, moyennant 45 livres. Il doit y abattre et débiter un demi-arpent
de bois avant Pâques.
Sa belle-mère engage Jean Juteau en son nom, le 28 juillet 1675. Ce dernier s'oblige à aller travailler au fief
de Chavigny pour un an, au salaire de 120 livres, sur lequel il reçoit d'avance 40 livres et 17 sols. C'est à
cette époque qu'il fait construire sa maison à cet endroit. Le 2 juin 1678, Jacques Boisseau lui doit 148 livres
sur quoi il faut déduire le travail qu'il a fait sur trois arpents de la terre de Chavigny, à 36 livres l'arpent.
Au recensement de 1681, il possède trois armes à feu, dix-neuf bêtes à cornes et vingt arpents de terre en valeur.
Le 8 novembre 1682, il engage Fabien Presseau et Pierre Ganet à lui fournir deux cent cinquante madriers et autant
de planches de pin ou de cèdre, pour la fin de mars, au prix de 120 livres.
Au recensement de 1681, il a comme serviteur un nommé Julien. Ce dernier n'est autre que Julien Samson auquel, le
16 février1683, il donne quittance de tout ce qu'il peut devoir. Le 8 mars 1683, il promet de fournir des
marchandises à Jean Lafond qui part pour les Outaouais. Ils doivent à son retour se partager la moitié des profits,
après déduction des sommes avancées pour les marchandises. Gilles Gautreau qui a été son fermier à l'Île d'Orléans
lui doit de l'argent. Jean Côté a fait faire une saisie de ses biens. Gautreau lui permet, le premier juillet 1683,
de se payer de ce qu'il lui doit à même les biens saisis par Côté.
Le 25 octobre 1683, il devient officiellement propriétaire de la seigneurie de Chavigny qui s'appelle du même
coup « seigneurie d'Eschambault ». Sa belle-mère la lui cède en échange de son fief de l'Île d'Orléans. Seigneur
de Deschambault, il va désormais se préoccuper du développement de sa seigneurie. Il y fait construire une église
en 1686.
Le 8 novembre de cette même année, il engage le charpentier Denis Gentil à y faire « les lambris du cintre »,
faire les planchers, les chassis à verreaux quatre grandes fenêtres, la grande porte à deux battants, la cloison
de la sacristie et deux portes pour la somme de 150 livres. En 1688, il possède trente-neuf arpents en culture,
trente-sept en pâturage et trente-quatre bêtes à cornes. Trois serviteurs travaillent à son service.
Sa vie paisible de seigneur change quand, le 4 août 1690, les Sulpiciens de Montréal lui confient l'office de
bailli de l'Île de Montréal. Il reçoit sa commission officielle à cette charge de l'intendant Bochart, le 7
septembre suivant. Le 31 octobre, il loue sa terre et sa maison seigneuriale de Deschambault, de même que ses
animaux, ses outils et sa pêche, pour un an, à Massé Martin, au prix de 300 livres. Il va s'établir à Montréal,
où le 19 janvier 1691, Paul Aganier auquel il a prêté de l'argent lui donne en gage six cuillères et six
fourchettes d'argent. Il doit les lui rendre sur paiement de sa dette.
Le 31 janvier 1692, il confie au maçon Jean Mars, tous les ouvrages de maçonnerie d'une maison qu'il s'apprête
à faire construire non loin de la Poudrière. Pour 600 livres, ce maçon s'engage à lui creuser une cave de six
pieds de profondeur par trente-deux pieds sur vingt-deux pieds et d'ériger une muraille de sept pieds de hauteur
par deux pieds de largeur ainsi qu'une cheminée. Il achète son emplacement de Robert Le Cavellier le 3 avril
suivant au prix de 200 livres. Ce terrain mesure quatre-vingt-quatre pieds de front sur le niveau de la rue
Notre-Dame par cent quatre-vingts pieds de profondeur. Il en obtient quittance le 7 mars 1694.
En attendant que sa maison soit construite, au prix de 120 livres, il loue pour un an une maison de deux étages
appartenant à Marie-Anne Hardy et Pierre Mallet sur la rue Saint-Paul. Le 18 avril 1694, il passe un marché de
construction de la cheminée de sa maison avec Jean Cousineau et Jean Mars pour la somme de 5 livres la toise.
Les planches de la toiture, il les obtient de Paul Marais, au prix de 45 livres le cent, le 31 mai suivant.
Le 3 septembre de la même année 1694, il passe un marché de maçonnerie de la mansarde de sa maison avec Urbain
Brossard et François Fremont pour le prix de 150 livres. La couverture de bardeaux est confiée au couvreur Jean
Tournois, le 14 mars 1695, à 55 sols la toise. Entre temps, le 11 janvier 1695, il est reçu par le Conseil
Souverain à l'office de procureur du roi à Montréal. Il n'en oublie pas pour autant sa seigneurie de Deschambault.
Il la loue pour cinq ans, au prix de 300 livres, à Paul Perrot dit Lagorce, le 14 février 1696.
Le 3 mai suivant, il y concède des terres à François Neau, Pierre Groleau, Joseph et FrançoisAlexis Gauthier et
Louis Denevers. Le 25 juin, il passe un marché de réparations des pêches et agrès de pêche de sa seigneurie avec
François Denevers et Jacques Marcot, pour lesquels il a obtenu de Frontenac l'exemption d'aller à la guerre contre
les Iroquois. Pour tout ce travail il n'a qu'à leur fournir leur nourriture. Lui-même toutefois commande un
bataillon de miliciens lors de ce voyage de guerre contre les Oneiouts.
Le 3 mai 1697, il concède à nouveau des terres dans sa seigneurie à Jacques Gauthier, François-Alexis Gauthier
et Louis Denevers. Il passe un marché d'ouvrages de maçonnerie avec Jean Cousineau, le 9 novembre de la même
année. Pour 150 livres et cent anguilles, ce dernier promet de « soller et pierroter » la boulangerie attenante
à sa cour et de faire une cheminée et un four de deux à trois minots.
Léonard Lalande dit Latreille lui doit, le 6 avril 1700, la somme de 135 livres. Devenu influent à Ville-Marie,
on lui donne procuration pour diverses affaires. Le 23 avril de la même année, il accepte au nom de Claude Pothier
et Charles Milot une obligation de 5191 livres 19 sols et 8 deniers envers Charles Bail1y. Il concède des terres
dans sa seigneurie à François et Joseph Gauthier, le 25 avril l701. Joseph Parent lui doit 154 livres en
marchandises, le 12 septembre suivant. Le 5 juin de la même année, il reçoit du roi une commission de
lieutenant-général à Montréal.
Son fermier de la seigneurie de Deschambault, Paul Perrot, se désiste de son bail en faveur de son fils Paul,
époux de Marie Chrétien, le 19 février 1704. Le même jour, il loue sa seigneurie pour sept ans au jeune Paul
Perrot, mais fait passer le bail de 300 à 600 livres par année sans compter cent cinquante livres de beurre, prix
de location des animaux. Pour toutes prétentions qu'ils ont à son endroit, André Dechaulnes et son épouse lui
donnent quittance de 400 livres le premier juillet suivant. Thérèse Montpellier pour sa part lui doit, le 9 mars
1705, la somme de 31 livres et 8 sols pour de bons effets. Il a la douleur de perdre son épouse qui décède à
Montréal le 13 novembre 1705.
Le 20 avril 1706, il accepte par procuration, de voir aux affaires de François Legantier de Lavallée Rané, ce
qui lui cause beaucoup de problèmes par la suite. À titre de seigneur, il prête la foi et hommage à l'intendant
Raudot le premier juillet suivant. Pierre Grenon engage à son service pour trois ans, le 16 août, son fils Pierre,
âgé de quatorze ans, moyennant son logement, sa nourriture et son entretien. Pour régler un différend survenu entre
lui et les héritiers de Robert Le Cavelier, au sujet du lopin de terre que ce dernier lui a vendu près de la
Poudrière, il fait consigner par le huissier la somme de 100 livres, le 27 avril 1707.
Le 11 septembre 1709, par l'intermédiaire de son fils, il en vient à un accord avec son fermier de Deschambault
Paul Perret. Ce dernier menace d'annuler le bail qu'il trouve trop élevé et cela d'autant plus qu'il a livré
vingt-quatre barriques d'anguilles pour payer les 600 livres de l'année précédente. Les anguilles avariées n'ont
rapporté qu'une centaine de livres. Il est contraint de rembourser plus de 400 livres et n'en a pas les moyens.
Le bail est réduit à 450 livres par année et à cent livres de beurre et sa dette diminuée à 255 livres et 17 sols
remboursables sur quatre ans.
Il fait affaire avec différents marchands. Il établit ses comptes avec Charles de Couagne le 6 décembre 1707. Il
lui doit 584 livres 17 sols et 8 deniers. Il règle le tout et obtient quittance le même jour. Le 4 février 1708,
il fait l'aveu et dénombrement de sa seigneurie. Ce document nous apprend qu'il y a jusqu'alors concédé soixante
arpents de terre de front à dix-sept habitants. Pierre Legardeur de Repentigny lui adresse une requête, le 25 mai
1708, afin d'obliger les Sulpiciens à accepter l'abandon d'un emplacement qu'ils ont concédé le 13 mai 1697. Il
déboute le sieur Legardeur de cette demande, puis il arrête ses comptes. le 23 juin suivant, avec François
Legantier. Ils se tiennent quitte l'un envers l'autre.
Le sieur Legantier et son épouse lui donnent quittance de 406 livres et 10 sols de France, le 31 juillet suivant.
Un nouvel arrêté de comptes entre eux leur permet de liquider tout ce qu'ils ont brassé d'affaires ensemble, le
6 septembre 1709. Mais après le décès de son mari, madame Legantier revient à la charge, si bien que le 9 septembre
1710, il lui fait signifier son départ pour Québec, afin de régler le tout devant le Conseil Souverain. Entre temps,
le 18 février précédent, il a renouvelé le bail des terres de sa seigneurie à Paul Perrot aux mêmes conditions
c'est-à-dire 450 livres par année et cent livres de beurre.
Le 2 avril 1712, il dépose chez le notaire Adhémar un testament écrit de sa main, dans lequel il lègue 150 livres
aux pauvres de la paroisse, 150 livres à la Confrérie de Notre-Dame dont il fait partie, et 100 livres aux
Récollets pour faire dire des messes pour le repos de son âme. Il demande à ses enfants d'assurer à sa deuxième
épouse Marguerite-Renée Denis une chambre et une servante pour le reste de ses jours. Il formule ainsi une de
ses principales volontés: «je veux qu'aprez mon deces mon corps soit enterré dans le cimetiere de la paroisse
de cette ville le plus proche que faire ce pourra de l'Endroit ou damoiselle Marguerite de Chavigny, ma defuncte
femme, a esté enterrée ». Une dernière ordonnance de sa part en 1715 enjoint aux habitants de Montréal de nettoyer
les trottoirs face à leur maison et d'empêcher les cochons de courir dans les rues.
Il décède à Montréal le 30 mars 1715 et est inhumé le lendemain.
Sa signature.
Source : Michel Langlois Dictionnaire biographique des ancêtres québécois (1608 - 1700)
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