Bonjour à tous
Les Fortin
Sept hommes portant le patronyme de Fortin traversent l'Atlantique et sétablissent en Nouvelle-France
sous le régime français. De ce nombre, six font alliance. Ils s'appellent Louis Fortin dit Lagrandeur,
François Fortin dit Hermel, Pierre Fortin dit Paris, Marin-Charles Fortin, Pierre-Nicolas Fortin et,
enfin, Julien Fortin.
Ce dernier est la souche de la plus ancienne famille portant ce patronyme. Fils de Julien Fortin et de
Marie La Vye, Julien fils est baptisé le 9 février 1621, dans la paroisse Notre-Dame à
Saint-Cosme-de-Vair, au Perche. On croit qu'à l'adolescence, le jeune est initié au métier de boucher
qu'exerce son père. L'aventure, pourtant, le tente. Dans son entourage, il est sans doute fréquemment
question des Percherons qui, depuis 1634, ont répondu à l'appel de Robert Giffard et des frères Noël
et Jean Juchereau. Julien Fortin part donc, entre 1648 et 1650, précédant ou suivant d'autres habitants
de Saint-Cosme-de-Vair. Ce sont, selon la généalogiste Cora Fortin-Houdet, Pierre Maufay, Antoine
Rouillard et Marie Maufay, Charles Pouliot, Michel Roulois et Jeanne Malier, Simon Lereau, Gervais et
Simon Rocheron, Pierre et Louis Gasnier, Noël et Jean Royer, Claude Boschard, Gervais Bisson ainsi que
Florent Bisson et Jeanne Yvon.
En 1652, Julien Fortin se marie. Comme sa fiancée et tous les témoins de l'événement, il habite la côte
de Beaupré au Cap Tourmente. Le contrat l'unissant à Geneviève Gamache dit Lamarre, 17 ans, est signé
devant le notaire Claude Aubert. Le père de la mariée, le Beauceron Nicolas Gamache, s'engage envers
son futur gendre et sa fille. Le 11 nobembre suivant, le mariage est célébré, au Cap Tourmente.
Même si l'intervention de Nicolas Gamache au contrat de mariage laisse supposer que les nouveaux époux
sont démunis de ressources financières personnelles, la vente d'une terre, le 27 mars 1654, le dément.
Ce jour-là, Julien Fortin vend à Robert Caron une concession située non loin de l'actuelle basilique
de Sainte-Anne de Beaupré. Cette terre lui aurait été concédée en 1650 par Olivier LeTardif et elle
aurait été située entre la terre de Claude Bouchard et celle de Pierre Picard.
En 1657, Charles de Lauzon de Charny cède à Julien Fortin sa part de la Compagnie de Beaupré. Par cette
transaction, l'ancêtre devient le co-propriétaire de la huitième partie de la seigneure de Beaupré et
d'une part égale de l'Ile d'Orléans. Cette transaction n'est confirmée par le gouverneur que le 4 juin
1659. Cette terre du Petit Cap est convoitée en 1662 par Monseigneur de Laval qui s'apprête à racheter
celles des co-propriétaires de la seigneurie de Beaupré.
Julien Fortin n'est pas enthousiaste. Il refusera de participer à l'arpentage de sa terre, ordonné par
l'évêque et, d'après Cora Fortin-Houdet, "la terre de Julien Fortin demeurera toujours une enclave
dans les grands domaines du Cap Tourmente. Alors qu'Olivier Le Tardif et François Bélanger qui avaient
aussi des concessions les remettaient à Monseigneur de Laval, seul Julien Fortin conservera la concession
qu'il exploite et où il vivra le reste de ses jours". C'est peut-être cette terre où l'ancêtre vit
depuis longtemps qui lui donna le surnom de Bellefontaine car, sur un plan de Coteau Fortin, un point
d'eau est identifié sous le nom de "source bellefontaine".
L'ancêtreFortin n'est pas qu'un homme d'affaires. S'il n'est pas prouvé qu'il exerça le métier de
boucher, il est certain, par ailleurs, qu'il avait du bétail en quantité suffisante pour en faire le
commerce. En contrepartie à cette aisance, Julien Fortin dit Bellefontaine fait quelques dons aux
œuvres pieuses, élève et instruit douze enfants. Geneviève Gamache dit Lamarre leur donne le jour entre
1654 et 1677. D'une façon étrange, neuf fois la mort frappe le foyer des Fortin lors des grandes
épidémies de la fin du XVIIe siècle. C'est ainsi que pendant l'épidémie conjuguée de fièvre pourpre
et de rougeole de l'année 1687, Julien et Louis meurent. Le premier a vingt ans, le second en a 16.
Vingt ans plus tôt, en 1666, l'aînée des enfants, Barbe, "attaquée de pleurésie et en danger de mort,
ayant été recommandée à Sainte-Anne par ses père et mère qui lui firent un vœu d'une neuvaine, reçu
aussitôt guérison à la fin de la neuvaine".
Le 28 décembre 1702, Marie-Anne, qui a 36 ans, meurt à son tour. Elle est suivie, le 15 janvier 1703
par Marguerite, âgée de 26 ans. Le 20 mars suivant, Geneviève est emportée à son tour. Elle est suivie
le 10 avril, par Joseph dont deux enfants, Geneviève et Marie-Anne voient leurs jours abrégés par la
terrible épidémie de petite vérole, dont les ravages s'étaient fait sentir dans la colonie dès le mois
d'octobre 1702.
L'ancêtre Julien Fortin dit Bellefontaine est décédé après le mois de juin 1689. Du 9 au 11 juillet
1704, on procède à l'inventaire des biens qu'il a acquis avec le secours de sa femme. Ils possédaient
une terre à la baie Saint-Paul, une autre terre et une maison au Petit Cap. A cet endroit, on avait
élevé deux granges, une étable, une boulangerie, une laiterie et " plusieurs petits logements de
pièce sur pièce pour mettre les porcs, poules et poules d'indes".
Geneviève Gamache dit Lamarre achève ses jours chez sa fille Barbe, le 24 novembre 1709. "Charles,
Piexe et Eustache, bien établis dans L'Islet et Cap-Saint-Ignace, assuraient la perpétuité de
l'aventure. Leurs enfants ont, avec ceux de Jacques, demeuré sur la rive nord et les enfants de Joseph,
nés à Saint-Joachim, laissé une postérité assez remarquable". Quant aux filles, elles ont contribué à
l'essor des familles Gagnon, Lessard et Picard.
Source: Nos Racines No. 19
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