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Les Hamel

La tradition orale parlait de Charles et de Jean Hamel. Cette même tradition disait qu’une terre de la côte Saint-Michel appartenait encore aux descendants de Charles mais on ne savait rien de cet homme. Il a fallu attendre 1927 et la publication d’un ouvrage intitulé « Zéphirin Paquet, sa famille et son oeuvre » rédigé par le frère Alcas, pour qu’enfin soit levé le voile entourant les ancêtres de madame Paquet, née Marie-Louise Hamel. Des recherches subséquentes menées par Archange Godbout et par Adrien Hamel achevaient de lever le voile sur les ancêtres Hamel.

Cette famille dont le nom aurait le sens de « hameau » et qui s’est multipliée au Canada jusqu’à obtenir le sens de « peuplade » qu’on lui attribue également, tire ses origines de la paroisse Saint-Aubin de Avremesnil, une commune située au sud-ouest de Dieppe, en Normandie. Charles et Jean Hamel, deux frères, ont pour père François. Le nom de leur mère ne figure malheureusement sur aucun document connu, mais on sait qu’ils ont laissé en France, un frère prénommé François ainsi qu’une soeur, Anne.

Charles est né entre 1624 et 1627, ce qui lui donne près de trente ans au moment où il épouse Judith Auvray, Normande comme lui. Celle-ci lui donnera un fils, Jean, né vers 1652. Elle meurt bientôt, laissant Charles seul avec ce jeune enfant. Le laboureur se remarie dans la paroisse Saint-Jacques de Dieppe, le 19 juin 1656. « Nous avons procédé au mariage de Charles Hamel et de Catherine LeMaistre, (en) présence de François Hamel, Vincent Glorial, bourgeois de Dieppe et de Pierre François. Lesquels nous ont attesté que François Hamel père du susdit consent au mariage et qu’il n’a pu y assister à cause de son incommodité (..) ».

Jean Hamel est né vers 1634. C’est sans doute en 1656 qu’il choisit d’épouser Marie Auvray. Il connaît la jeune femme depuis plusieurs années déjà et, comme son frère l’a fait avec Catherine, il s’est assuré que Marie accepte d’aller vivre en Nouvelle-France avec lui. On croit que les deux couples et le jeune Jean, âgé de quatre ans, s’embarquent pour la colonie d’Amérique, au cours de l’été 1656, puisqu’en décembre, Jean Hamel « travaillant, étant de présent au dit Québec » loue pour sept ans, la terre appartenant à Jean Gloria.

Voilà comment de « travaillant », Jean devenait laboureur. Gagnant sa vie à mettre en valeur la terre de son compatriote, il y trouva certaines compensations: un logis et de quoi s’alimenter, mais il lui était interdit, par le contrat du 26 décembre, de s’adonner au commerce du bois. Il ne peut, en effet, « abattre aucun arbre sans le consentement du bailleur excepté son bois de chauffage qu’il (doit) prendre derrière la maison et non ailleurs ».

b Si l’arrivée de Jean Hamel au Canada est confirmée par ce contrat, la venue de Charles n’est marquée par rien. Aucune présence aux baptêmes, mariages ou sépultures ne permet d’affirmer qu’il soit vraiment arrivé en 1656, sinon un indice ou une déduction du frère Alcas qui observe la présence de Charles II, 10 ans, sur la liste des confirmés du 22 septembre 1669, parmi les enfants nés ici. Il en déduit donc que Charles, fils de Charles, est né au Canada, mais son acte de naissance ne figure sur aucun registre. Quoi qu’il en soit, il est à peu près certain qu’en 1662, Charles et Catherine Lemaistre obtenaient du père Jérôme Lallemant, la concession d’une terre de soixante arpents faite à la Côte Saint-Michel, à Québec. Cinquante nouveaux arpents s’ajouteront aux premiers, en 1664. Pour abriter sa femme et ses deux enfants, l’ancêtre construira une maison de pièces sur pièces, couverte de bardeaux, de quarante-quatre pieds de long par vingt de large avec une cheminée à double foyer.

Il faut attendre 1676 pour que Charles Hamel fasse à nouveau parler de lui. Ce 25 novembre, il fait l’acquisition d’une terre et une habitation appartenant à Noël Pinguet et destinées à son fils Charles. Quatre arpents par vingt bornés par les terres de Romain Duval et de Laurent Duboc, par le fleuve et par le chemin menant à Notre-Dame de Lorette, une terre que se transmettront les descendants de Charles II jusqu’au XXe siècle.

Charles Hamel et Catherine Lemaistre ont convenu de ne pas léser Jean, né du premier mariage de son père. C’est pour cette raison que le jour où il achète la terre de Noël Pinguet, Charles garantit à Jean qui vient d’épouser Christine Charlotte Gaudry, le versement de deux cent soixante livres tournois. Jean renoncera à recevoir cet argent, le 24 juin 1684. Un mois après le mariage de Jean, ses parents engageaient un enfant de sept ans, fils de Bonne Guerrier et de Jacques Fouquées. Pour assurer la sécurité de l’enfant, sa mère avait exigé des Hamel qu’ils le soignent, le nourrissent, le gardent et l’entretiennent pendant neuf ans, comme leur propre enfant « et aussi de le fair instruire chrétiennement ».

En 1682, Charles épouse Angélique Levasseur qui vient vivre avec lui dans la maison paternelle où naîtront leurs 13 enfants. Le couple de pionniers se dissout après 1711, au décès de Charles et de Catherine LeMaistre.

Après avoir défriché la terre de Jean Gloria, Jean Hamel, frère de Charles achetait la terre de Nicolas Gaudry dit Bourbonnière puis, en 1665, à la suite de plusieurs transactions, il devenait propriétaire de la terre du célibataire Antoine Duhamel. Humble pionnier, de santé fragile, il mourait, le 12 octobre 1674 et il était inhumé le lendemain; il était âgé d’environ 40 ans.

Quelques jours plus tard, Marie Auvray donnait le jour à leur cinquième enfant, François. Au mois de décembre 1679, la veuve épousait René Pelletier, qui considéra les enfants Hamel comme les siens et veilla à faire fructifier la terre laissée par Jean Hamel à sa veuve et à ses héritiers. Marie Auvray n’a pas eu d’enfants de cette union. Hospitalisée à l’Hôtel﷓Dieu de Québec, pendant 20 jours, en 1689, elle est décédée au début de l’année 1716 et, au mois de mai suivant, on procédait à l’inventaire de ses biens.

Nos racines vol. 60

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