Bonjour à tous
Les Lavoie
René de La Voye, né en 1633, dans la paroisse de Saint-Maclou à Rouen, en Normandie, est le premier
ancêtre de la famille Lavoie. Comme tant d'autres hommes dont la vie s'est déroulée loin des honneurs
et des charges, René de La Voye est encore un inconnu pour ses descendants qui se comptent par milliers,
au Canada et aux États-Unis.
Son enfance, son adolescence puis, peut-être, l'apprentissage d'un métier le conduisent enfin loin de
ses parents, René et Isabeau Boulanger. En 1656, il est déjà fixé sur la Côte de Beaupré, mais il n'y
possède pas encore de terre. On a dit, et c'est possible, qu'il était employé par un nommé Jobin.
C'est le mercredi 19 avril 1656 que René de La Voye se marie. Il épouse Anne Godin ou Gaudin. Les
parents de la jeune fille sont des adeptes de la religion de Calvin. Anne Gaudin a été baptisée en
1648 et il est improbable que son fiancé ait consenti à l'épouser si elle n'avait eu que huit ans.
Il est donc plus vraisemblable de croire que l'enfant a, comme tant d'autres adultes et enfants
huguenots ou calvinistes, été baptisée peu après son arrivée en Nouvelle-France.
On a dit, mais cela a été contesté, que René de La Voye était lui-même huguenot. Pourquoi pas? Souvent
forcés d'abjurer, forcés à recevoir les sacrements du baptême, du mariage et de l'extrême-onction, les
huguenots cherchaient parfois à s'allier entre eux. D'ailleurs, l'acte de ce mariage, conservé à Québec,
fait état d'une inhabituelle entorse aux coutumes religieuses : les bans ne sont pas publiés.
" Le 19 avril 1656, dispense ayant été donnée de publication des bans et de toute autre cérémonie pour
bonnes et justes raisons, le R.P. Paul Ragueneau, de la Compagnie de Jésus, ayant pouvoir de ce faire,
a marié René de La Voye, âgé de 25 ans ou environ, avec Anne Godin, âgée d'environ 15 ans, fille d'Élie
Godin et de Esther Ramage, habitants de la Côte de Beaupré, en présence d'Étienne Lessart et de Claude
Poulin, habitants du même lieu, les père et mère de la fille." La formule employée pour désigner les
parents de la mariée est pour le moins cavalière. Le 18 août 1656, René de La Voye loue de Marguerite
Rouzée, veuve de Pierre Gasnier, une terre de la Côte de Beaupré. Le contrat stipule que pour chacune
des trois années d'occuptation, le censitaire remettra des denrées tirées du produit de la terre,
plus trois livres les deux dernières années.
L'année suivante, le couple a un premier enfant, René. C'est aussi, si l'on en croit l'historien
J.-Edmond Roy, le moment choisi par l'ancêtre pour abjurer dans les formes : " en effet, écrit-il, sous
la date du 3 avril 1657, le père de Quen écrit qu'il fit faire abjuration d'hérésie en sa chambre, en
présence de Jobin et Pierre du Val et du père Chastelain, selon la formule du Concile de Trente, à
un garçon appartenant au nommé Jobin appelé René Voye."
Le 7 octobre 1657, malgré la location d'une terre à la Côte, René de La Voye devient le voisin de Louis
Guimont, des Allard et des Giguère, en allant s'établir à Sainte-Anne où il obtient une terre de trois
arpents de front. La concession est renouvelée le 7 octobre 1665. On sait qu'en 1662, il travaille à
la construction de la chapelle destinée à Sainte-Anne et qu'en 1663, en paroissien respectueux des
règles, il remet à l'église deux boisseaux et demi de pois en paiement de sa dîme.
Mais, à Sainte-Anne du Petit Cap, il se produit des événements étranges qui sont en voie de transformer
la chapelle en lieu de pélerinage. En 1658, déjà, Louis Guimont avait été guéri d'une cuisante douleur
aux reins parce que, comme tant d'autres, il avait placé une pierre aux fondements de l'église. En
1662, c'est du coté des Gaudin que le miracle doit avoir lieu.
Les parents d'Anne sont convertis depuis peu et, si l'on en croit la petite histoire, c'est Sainte-Anne
qui devait se charger de renforcer leur croyance. " En l'année 1662, Esther Ramage, alors âgée de
quarante-cinq ans, souffait depuis dix-huit mois d'une douleureuse maladie. Elle était si courbée
par la violence du mal qu'elle ne pouvait aucunement se redresser et qu'elle était obligée de se
traîner comme elle le pouvait avec son bâton. " Puisqu'on lui recommandait d'imiter le geste posé
trois ans plus tôt par son voisin, elle réclama la Sainte, la priant de faire sur elle un miracle
comme elle avait fait sur cet homme. Au même instant, oubliant son bâton qui disparut, elle se trouva
sur pieds toute droite, marchant avec autant de facilité qu'elle eut jamais fait ". Plus loin le
conteur ajoute que ce miracle " servit beaucoup à confirmer dans la foi toute cette famille qui avait
longtemps vécu dans la religion réformée ". Deux ans plus tard, c'était au tour d'Élie Gaudin de
bénéficier des faveurs de la Sainte.
Anne Gaudin est inhumée le 26 février 1678 dans le cimetière paroissial. Neuf enfants sont nés de cette
union : cinq fils et quatre filles qui, à l'exception de Anne, née en 1664, feront alliance. En 1686,
alors qu'il n'est âgé que de 53 ans, René de La Voye cède la moitié de la terre qu'il a obtenue en
1657, à son gendre Pierre Allard qui a épousé trois ans plus tôt, une deuxième fille prénommée Anne.
En cédant cette part de terre, René de La Voye devient l'employé de son gendre en s'engageant à
travailler encore à la mise en valeur de la terre " selon ses forces et de tout son pouvoir sans
rien prétendre des salaires pendant le temps qu'il sera avec ledit acquéreur ". En revanche, Pierre
Allard doit le nourrir, le loger et ainsi que Marie et Brigitte, tant qu'elles ne seront pas en âge
de se marier.
L'ancêtre de la famille Lavoie aurait été inhumé le 11 mars 1696 au Château-Richer.
Source : Nos Racines No. 23
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