Bonjour à tous
Les Lemieux
La petite histoire de la famille Lemieux est riche d'imprévu. L'on sait aujourd'hui de façon presque
certaine qu'il n'existe qu'une seule souche de Lemieux et que cette souche est la plus originale qui
soit. On a d'abord cru à l'existence de trois familles distinctes, formées par Gabriel, Pierre et
Guillaume Lemieux. La vérité devait surgir au hasard de la découverte d'un acte du 27 octobre 1654
où il est dit que les frères Pierre et Gabriel Lemieux héritent des biens légués par leur tante
Florence.
Plus que simples co-paroissiens, les deux hommes sont liés par le sang. Leur mère Marie
Luguen, aurait donné naissance à Pierre à Rouen, le 26 octobre 1616, de son mariage avec Pierre
Lemieux. Gabriel, deuxième souche de cette grande famille, serait né en 1626, du mariage de Marie
Luguen et de Louis Lemieux. Quant à Guillaume, il est le fils de Pierre et continuateur de sa lignée.
Le 10 avril 1643, Pierre Lemieux, tonnelier, s'engage à travailler pendant trois ans en Nouvelle-France
pour un salaire annuel de cent livres dont soixante payables à l'avance. Au terme de son engagement, il
signe le 19 août 1647, le contrat de mariage le liant à Marie Besnard. Le même jour, Denis Besnard et
sa femme consentaient au mariage d'une autre de leurs filles, Marguerite, qui devait épouser César
Léger au mois de septembre suivant.
Mariés le 19 septembre 1647, Pierre et Marie s'installent chez Martin Grouvel, à Beauport. La
cohabitation des deux couples ou du moins le partage officiel de leurs tâches, de 1647 à 1649,
permet de penser que Grouvel et Lemieux ont peut-être, dès cette époque, choisi de partager leur
temps entre la terre et la mer. Grouvel, capitaine de barque " aurait fait naufrage proche les monts
de Notre-Dame sur le fleuve Saint-Laurent, sa barque s'étant brisée, lui noyé avec deux autres de ses
gens ", vers 1661.
C'est à peu près cette époque que Pierre Lemieux choisit pour disparaître. Ce père
de sept enfants ne reparaît pas après le mois de juillet 1662 alors que Marie Besnard va vivre chez
Gabriel Lemieux. On ne sait pas où ni quand il est décédé, mais une phrase de Louis Fréchette rappelle
qu'il n'y a pas si longtemps, tous les canotiers qui faisaient la navette entre Québec et Lévis
" étaient des Lemieux ou des Saint-Laurent ".
On attribue sept enfants au couple Lemieux et Besnard dont la descendance s'est perpétuée par leur
aîné, Guillaume, qui épousa Elisabeth Langlois, veuve de Louis Côté, le 15 décembre 1669, puis Louise
Picard, veuve de Louis Gagné, le 12 octobre 1699.
La vie de l'ancêtre Gabriel Lemieux est mieux connue à cause des péripéties qui l'ont entouré, lui,
ainsi que sa gemme Marguerite Leboeuf. Gabriel Lemieux, également né à Rouen, était en Nouvelle-France
en 1647 puisqu'il signe comme témoin au mariage de son frère. En 1655, il devient concessionnaire d'une
terre dans la seigneurie de Lauzon.
Ses voisins sont le potier Nicolas Pré ou Dupré et Louis Bégin,
deux Normands comme lui. Pour conserver cette terre de trois arpents sur quarante, il devra entre
autres, remettre au seigneur " un sol de cens par arpent, la onzième anguille ou saumon et deux chapons
vifs ".
Le 3 septembre 1658, Gabriel Lemieux épouse Marguerite Leboeuf, née en 1640 à Troyes, en Champagne.
Comme son frère Pierre, il exerce le métier de tonnelier, puis il se transforme en marchand, ayant
sans doute compris qu'il est plus lucratif de vendre des tonneaux pleins que… vides. Le 22 avril 1665,
il comparaît avec sa femme, devant le Conseil souverain pour expliquer pourquoi il vend les pots d'alcool
et de vin " plus haut que vingt sols le pot ".
Le même jour, ils sont condamnés à payer une amende de
dix écus. En 1666, alors qu'il est allé en France pour y vendre des marchandises d'une valeur de 2 400
livres, il est surpris et pillé par un " navire anglais ennemi de l'État " qui le ramène en France où
il est obligé d'emprunter pour rentrer au pays.
Pendant ce temps, Marguerite Lebeuf ou Leboeuf, fait face à l'adversité. Mère de deux enfants, elle est
l'objet d'une accusation d'adultère et de production dans sa maison " de femme et de filles pour commettre
le crime d'impudicité ". Principal intéressé " et seul compétent d'en demander justice ", Lemieux s'oppose
aux poursuites dès son retour, le 26 avril 1667, alléguant qu'il ne s'agit-là " que d'une pure calomnie
suscitée par des gens qui sont ennemis de son repos et de celui de sa femme ".
Pendant que le Conseil
souverain décide de laisser tomber la première accusation et de maintenir la seconde, Marguerite Lebeuf
demande que du " répit " lui soit accordé pour le règlement de ses dettes. Ses créanciers, allègue-t-elle,
" la persécutent incessamment et la menacent journellement de lui faire vendre ses meubles e la mettre
sur le carreau ". Au mois de juillet suivant, elle est autorisée à régler une dette en versant
" cinquante livres ou de fournir de la poterie ".
On ignore la date du décès de Marguerite Lebeuf, mais on sait que l'ancêtre convolait avec Marthe
Beauregrard, le 26 novembre 1671. Sa descendance est assurée par trois de ses dix enfants. Gabriel,
épouse Jeanne Robidou, en 1690. En 1700, Louis épouse Marie Carrier et Michel s'allie à Marguerite
Samson… Au mois de décembre de la même année, l'ancêtre est inhumé à Lévis.
Source : Nos racines, volume 15,
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