Bonjour à tous
Les Tardif
Il s'appelait Olivier Letardif et, bien que son nom signifie "qui tarde à venir" ou "qui vient tard",
cet homme figure parmi les pionniers de la Nouvelle-France.
Letardif est né à Étable, un village du diocèse de Saint-Brieuc, en Bretagne. Il n'y avait là, dit le
généalogiste Archange Godbout, qu'une seule famille Letardif, formée par Jean et Clémence Houart et
leur enfants. L'ancêtre des Tardif aurait vu le jour entre 1601 et 1605. La tradition veut qu'il se
soit embarqué à Honfleur, le 24 mai 1618, à bord du navire ramenant Samuel de Champlain vers la colonie.
Le 24 juin, après un mois de navigation, il aurait aperçu, enfin, les habitations de Tadoussac, premier
étape et premier signe permanent de la présence européenne.
Que fait Olivier Letardif? On ne le sait pas exactement. C'est un homme aux mille visages, aux mille
métiers. N'est-il pas, d'abord, un interprète doué? Par son intermédiaire, Samuel de Champlain
s'exprimera dans les langues huronne, algonquine et montgnaise. Bientôt, celui que l'on appelle
Olivier Tardif ou Le Tardif mais qui signe toujours Letardif, se hisse au rang des notables de Québec.
Son avis importe car le 18 août 1621, il est au nombre de ceux que Champlain réunit et qui délèguent
en France le père Georges Le Baillif pour y défendre leurs intérêts.
Les années font voir un homme mobile. Il se rend à Tadoussac, en 1624. Il est toujours interprète
mais il exerce maintenant la fonction de sous-commis des magasins de la Compagnie de Caën, une fonction
qu'il partage avec Cornaille de Vendremur. Cinq ans plus tard, lorsque Québec capitule, c'est Olivier
et son compagnon de travail qui sont chargés par Champlain de rendre les clés de la ville aux frères
Kirke. Letardif rentre en France et, en 1632, on le retrouve à Québec. C'est là que le 24 mai de
l'année suivante, il traduit aux algonquins le message de paix de Champlain. Sur le plan humain, il
est insaisissable, car il est partout à la fois. L'un de ses biographes, Amédé Gosselin, le voit à
travers les nombreux témoignages des Jésuites qui le décrivent " à la fois (comme) un ami des sauvages,
un zélé propagateur de la foi catholique chez eux, un aide et un soutien pour les missionnaires".
En 1637, on lui condède une terre près de Québec et, le 3 novembre de la même année, il épouse Louise
Couillard, âgée de 12 ans, fille Guillaume et de Guillemette Hébert. Quelques mois plus tard, l'ancêtre
adopte deux garçons et une fille du pays, Marie Olivier Sylvestre Manitouabewich qui sera la première
Amérindienne à épouser un Européen, Martin Prévost le 3 novembre 1644.
Louise Couillard meurt en 1641, quelques mois après avoir donné naissance à Pierre Letardif qui n'aura
pas de descendance. Ce deuil n'arrête pas Olivier pour qui commence une longue série de voyages en
France. A-t-il ajouté à ses occupations nombreues le métier de capitaine de navire? On pourra le croire,
car il traverse la mer en 1641, en 1642, en 1645. C'est pendant ce dernier séjour qu'on le voit tenir
sur les fonds baptismaux d'une paroisse de La Rochelle l'un des fils jumeaux de Gilles Michel et de
Barbe Esmard. L'enfant des prénommera, ainsi le veut la coutume, Olivier.
Trois ans plus tard, Letardif est encore à La Rochelle. Cette fois, il est le témoin au contrat de
mariage de Zacharie Cloutier fils et de Madeleine Esmard, signé le 4 mai 1648. Douze jours plus tard,
c'est lui qui promet d'épouser Barbe Esmard dont le mari vient de mourir. "Tant en considération de sa
jeunesse que de l'amour qu'elle lui porte et qu'il espère qu'elle lui continuera en l'avenir", il lui
promet deux mille livres tournois. Olivier a un fils, Barbe aussi. Prudents, ils s'obligent mutuellement
à leur apprendre " à lire et à écrire". Le fils de Barbe (celui qui a survécu) n'est pas le filleul
d'Olivier, mais avant le mariage ils obtiennent, conformément au testament de Gilles Michel, que le
jeune enfant perde le prénom d'Étienne pour s'appeler désormais Olivier Michel. Considéré comme un
fils par Letardif, il sera, par son mariage avec Madeleine Cochon, l'ancêtre de la famille Taillon.
A sa terre de Québec s'est ajoutée, en 1646, la huitième partie de la seigneurie de Beaupré. En 1652,
il devient propriétaire du Château-Richer dont il est le fondateur et, en 1655, une terre de vingt
arpents s'ajoute à son patrimoine déjà important. Quatre arpents seront cédés à Claude Bouchard dit
le Petit et les seize autres seront remis à Monseigneur de Laval pour les besoins de la ferme du
Séminaire. En 1656, Letardif tombe malade. Sa femme lui succède dans l'administration des affaires
et jusqu'à sa mort, au mois de janvier 1659, on la voit concédant des terres et agissant comme
procuratrice. Olivier Letardif reprend le collier, retour en France et redevient procureur de la
Côte de Beaupré.
Avant la fin de l'année 1661, on le transporte, malade, chez Jean Cochon. Il n'est pas riche car
son logeur et son médecin demanderont l'intervention de la justice pour être payés. Un ami,
François Bélanger, devenait, le 19 avril 1662, curateur de l'ancêtre pendant que Zacharie Cloutier,
son beau-frère, était désigné comme le tuteur des enfants mineurs car, comme le souligne le
généalogiste A.-Emile Ducharme, Olivier Letardif était "chaviré du cerveau" et incapable de voir
plus longtemps à la bonne marche de ses affaires ni de celles de la seigneurie. Il a été inhumé le
28 janvier 1665 au Château-Richer.
Sa descendance directe a été assurée par Guillaume, baptisé à Québec, le 30 janvier 1656 et marié une
première fois à Louise Dubois en 1679 puis à Margurite Godin en 1687. Marie-Delphine s'est alliée à
la famille Cochon en épousant Jacques, le 23 novembre 1661.
Source : Nos Racines No. 21
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