Bonjour à tous
Les Joubert
Au XVIIe siècle, deux familles Joubert vivent en Nouvelle-France. Celle du Poitevin Jean
Joubert fixe ses racines à Québec d’abord puis à Batiscan, et enfin, à Charlesbourg.
Celle de Jacques Joubert évolue dans la région montréalaise, entre Repentigny, Montréal et
Lachine.
Jacques et Jean Joubert étaient-ils frères ou parents ? La réponse n’a pas été donnée,
mais s’ils ont vécu aux antipodes l’un de l’autre, tous deux ont été
meuniers. Jean Joubert était à Québec le 2 novembre 1669, s’engageant devant le notaire
Romain Becquet, à épouser Madeleine Testu. Ses parents sont François Joubert et Jeanne Mallet.
Ceux de Madeleine, qu’il épouse à Québec, le 4 novembre suivant sont Edmé Testu et
Élisabeth de la Cour, habitant la paroisse Saint-Sauveur de Rouen.
Vers la même époque, Jacques Joubert vit à Montréal. Vers 1672, c’est-à-dire à une date
indéterminée, il épouse Madeleine Duval. Fille du roi, elle débarquait à Québec en 1670, pour
être, selon Sylvio Dumas, dirigée vers la région de Montréal. Malgré la naissance de plus de
huit enfants, il semble que la descendance de ce couple ne se soit pas perpétuée, contrairement
à celle de Jean Joubert et de Madeleine Maillet.
Pourtant, on devait jeter une voile sur cette famille et feindre d’ignorer au moins une
partie de sa petite histoire. Après le mariage, Jean Joubert vit sur le territoire desservi par
la paroisse Notre-Dame de Québec. Joubert qui est généralement décrit comme meunier, jouit
d’une estime certaine. Jean Morin et Catherine Le Mesle, François Allard et Jeanne
L’Anguille ainsi que Jean Boesme et Marie Hué l’invitent au baptême de leurs
enfants. Après 1676, Joubert abandonne Québec pour Batiscan. À cette époque, le couple
n’a qu’un enfant, Pierre, né au mois d’octobre 1670.
On imagine que leur existence suit un cours normal. Le farinier s’intéresse à la traite
des fourrures, prospère dans cette région ? En tout cas, on le voit allant chez la veuve Babie,
le soir du premier janvier 1692, nuit que choisit Desmarais, domestique du sieur de Lusignan,
pour être assassiné de deux coups de couteau dont il meurt incontinent. Accusé, jugé et condamné
à être pendu jusqu’à ce que mort s’en suive, Jean Joubert porte sa cause en appel.
Le 4 février 1692, le Conseil Souverain blanchit Joubert mais il ordonne son transport à
Champlain pour qu’il y subisse un nouveau procès. Joubert fut acquitté et il trouva
refuge à Charlesbourg où le moulin devint sa demeure. Sa fille Marie, née en 1696, est décédée
pendant l’épidémie de 1703, un mois après sa mère, morte à la fin de mars. Au mois de
septembre suivant, Jean Joubert convolait avec Marie Pelletier, veuve de Pierre Canard. Son fils
Pierre se maria trois fois. De son union avec Madeleine Boesme est né un fils Pierre, qui épousa
Madeleine Jarry. Ce couple est à la tête de l’une des deux familles Joubert de la région
du Richelieu.
C’est vraisemblablement l’affaire judiciaire à laquelle Jean Joubert fut mêlé qui
poussa Lionel O. Joubert à fouiller la généalogie familiale. A l’éventualité que Jean soit
parent de Pierre-Honoré Jaubert, son ancêtre direct, le généalogiste, citant Rabelais
s’écrie : C’est à voir. Le résultat de ses recherches publiées dans les mémoires
de la Société généalogique canadienne française en 1959, permet de connaître ce
canonnier-bombardier, né ou baptisé à Auzet, en Provence, le 30 janvier 1730. Fils de Joseph
Jaubert et de Madeleine Pascal, l’ancêtre est le quatrième d’une famille qui comptera
au moins huit enfants. Avec ses parents, il vivra à Saint-Pons puis à Digne, une ville réputée
pour ses bains curatifs.
Pierre-Honoré Jaubert arrive en Nouvelle-France entre 1755 et 1758, faisant partie de l’un
des bataillons du Régiment de la Reine. Dans ce monde qui n’a que faire des patronymes et
qui distribue généreusement les surnoms, Jaubert hérite de celui de Sansregret. Dirigé par
monsieur de Louvicourt, il est entraîné sur la ligne de feu qui protège le cours du Richelieu
contre l’invasion de la colonie par les habitants de la Nouvelle-Angleterre. Au cours
de l’été 1758, c’est la victoire de Carillon et, le 23 décembre, le soldat se marie
avec Geneviève La Foy, née dans le fort le 2 février 1747. Elle a onze ans ; Pierre-Honoré en
a 28. Témoin de l’atmosphère qui règne dans le fort : Charlotte Durbois, mère de
l’épouse, stipulant pour ladite épouse en l’absence de son mari, prisonnier
des Anglais.
À compter de cette date, le nom Jaubert disparaît, laissant la place à Joubert. L’année
suivante, la jeune mère donne naissance à Louis-Honoré, baptisé à Chambly, le 20 décembre 1759.
On ignorera sans doute toujours si le canonnier-bombardier participa aux batailles
d’Abraham et de Sainte-Foy, mais il n’est pas exclu qu’il l’ait fait.
En 1775, ce militaire de carrière devient capitaine de milice au fort Chambly, une fonction
dont hérita l’aîné de ses quinze enfants. Le 27 mars 1788, l’ancêtre mourait.
Il était âgé de 58 ans et il laissait derrière lui, six enfants vivants et un enfant posthume,
Hilaire, né à une date indéterminée et peut-être trois filles, Marie-Anne, Marie Adélaïde dont
le sort n’est pas connu et Geneviève qui à son mariage avec Antoine Poirier, le 28 avril
1800, déclara être la fille de Louis-Honoré et de Geneviève.
Le sort des sept qui ont fait alliance est le suivant : Marie-Joseph et Charles Grageon iront
vivre en France. Louis-Honoré restera à Chambly comme Félicité et son mari, Pierre Meunier
ainsi que Angélique et Jean-Baptiste Gervais. Didier et Louise Juteau se déplaceront vers le
Sault-au-Récolet. Joseph et Angélique Fortin iront vers Rigaud, L’Assomption et la
seigneurie de la Petite-Nation pendant que Hilaire et Sophie Fraser vivront à Montréal.
Les Joubert et Jaubert avaient un dernier point en commun : Didier, Joseph et Hilaire ont été
meuniers et constructeurs de moulins comme leurs homonymes Jean et Jacques.
Source : Nos Racines No. 87
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