Bonjour à tous
Louis Martineau
Martin est l'un des plus fréquents patronymes de France, à cause de
Saint-Martin de Tours (315-397) évangélisateur de la Gaule. Martin a
donné aussi Martinon, Martiny, Martens, Martineau et même au féminin
Lamartine. Plusieurs porteurs de ce nom vinrent en Nouvelle-France. Le
premier, mais peut-être aussi le plus humble, s'appelait Louis
Martineau.
Le fils de Jean Martineau et de Mathurine Bonne a été baptisé le
dimanche 25 août 1624 à Saint-Savinien, localité aujourd'hui
appartenant à l'arrondissement de Saint-Jean-d'Angely, département de
la Charente-Maritime, territoire de la Saintonge. Cette commune, sise
sur la rive droite de la Charente, possède d'importantes carrières de
pierre de taille et un port fluvial où des navires de plus de 200
tonneaux peuvent accoster à ses quais.
Originaire de la ville grecque de Samos, martyrisé à Rilly, petit
bourg de la Seine, non loin de Troyes en Champagne, Saint-Savinien, en
l'an 275 de notre ère, reçut ses bourreaux par ces mots : Je suis venu
au milieu de vous semer les semences du ciel. Les immigrants de la
Nouvelle-France arrivaient ici aux alentours de la vingtaine. Louis
avait plus de 30 ans lorsqu'il prit la décision d'émigrer au Nouveau
Monde.
Le mardi 11 avril 1656, il est à La Rochelle, chez le notaire
Cherbonnier, pour accepter un contrat d'engagement d'une durée de
trois ans pour la région de Québec. Engageur : François Péron.
Rémunération promise : 75 livres annuelles. Métier déclaré de l'engagé
: laboureur. Le même jour, compagnons du même métier, l'accompagnent
Jean Millet qui sera tué par les Iroquois en 1661, un nommé René Vien,
Jacques Marchand et Jacques Gratiot.
A l'étude du notaire, Louis
Martineau déclare avoir 27 ans d'âge. La mémoire est une faculté qui
oublie ou veut oublier ! Louis reçoit 35 livres d'avance. François
Péron avait averti les passagers de se tenir prêts et que le lieu
d'embarquement serait à l'île de Ré, paroisse Saint-Martin. Le 30
avril suivant, 19 jours plus tard, le voilier d'une capacité de 150
tonneaux, Le Taureau, pointe sa proue vers l'océan Atlantique. Élie
Tadourneau, propriétaire du bateau pour un quart, en est le capitaine.
Au printemps de 1656, à La Rochelle, 61 hommes ont déclaré vouloir
passer en Nouvelle-France. Ils ne sont pas tous venus. Trois navires
se présentent à la rade de Québec, cette année-là : Le René, La
Fortune et Le Taureau. La traversée de Louis Martineau avait-elle été
heureuse, normale ? Il le semble.
15 juin 1656
Le Taureau jette l'ancre à Québec le 15 juin 1656, après une traversée
d'un mois et demi. Quel est le bon samaritain qui a ouvert ses bras à
ce laboureur en quête d'un emploi ? Un habitant de la Côte de Beaupré
ou de l'île d'Orléans ?
Après quatre ans de silence, le 20 novembre 1660, Louis obtient de
Charles de Lauzon une terre de deux arpents de front à l'île
d'Orléans, côté Nord, territoire de la future paroisse de
Sainte-Famille, et située entre les nouveaux concessionnaires Jean
Prémont et la propriété de feu Pierre Brincosté ou Bringodin, tué par
les Iroquois depuis le 31 juillet. La profondeur de la terre octroyée
à Louis est d'environ 67 1/2 arpents.
Le colon se retrouve donc au milieu d'un terrain vierge depuis le
commencement du monde, d'une petite forêt à maîtriser, à convertir en
terre civilisée et labourable. Louis commence par faire une trouée
dans son bois, à faire apparaître un désert pour fixer sa maison de
pièce sur pièce, avant de jeter entre les souches sa première semence
de blé. Il lui faut le courage des pionniers, celui des fondateurs
d'un pays neuf. Dès le 24 janvier 1661, un nouveau voisin, Gervais
Rochon, prend la place de celui disparu tragiquement.
9 avril 1663
Enfin, en 1663, Louis, 39 ans, après sept longues années en
Nouvelle-France, juge qu'il est grand temps de fonder son foyer. À
Château-Richer, vit probablement chez Guillaume Thibault une femme
âgée d'environ 22 ans et appelée Madeleine Marecot, fille de Mathurin
et de Marie Renaudeau, originaire du bourg de Lalleu, non loin de La
Rochelle en Aunis.
L'histoire de Madeleine ne manque pas d'intérêt. Ses père et mère
s'étaient mariés à Sainte-Marguerite de La Rochelle, le 15 septembre
1631. Son père Mathurin Malesco (Marecot) a vécu en 1649 comme
laboureur à Rompsay, paroisse Notre-Dame-de-Cogne de La Rochelle, à
Lalleu en 1671, puis à Saint-Martin-de-Sansay, au Poitou. Les parents
de Mathurin se nomment Benoît et Nicole Jamin ; ceux de Marie
Renaudeau : Mathurin Renaudeau et Toussaine Brossard, de
Notre-Dame-de-Cogne.
Au Canada, à Château-Richer, a vécu Guillaume Marescot ou Marecot, un
normand originaire de Saint-Léonard de Honfleur. Était-il parent
avec Madeleine Marecot ? Un oncle, peut-être ? Cet immigrant est
retourné dans son pays en 1661, semble-t-il. Or, le 18 décembre 1662,
Madeleine Marecot accepte un traité de mariage avec Thomas Grandry,
dit Faverolle, originaire de Caen en Normandie. Convention
matrimoniale annulée le 23 janvier 1663.
Louis Martineau et Madeleine se sont connus au hasard des rencontres.
Le ler mars 1663, dimanche, le notaire Claude Auber, à Château-Richer,
se dit prêt à rédiger leur contrat de mariage. Appuient la future
épouse Guillaume Thibault, Jean Plante et François Gariépy, habitants
de la Côte de Beaupré. Sont venus pour encourager Louis le voisin Jean
Prémont et Charles Gauthier, sieur de Boisverdun. Louis offre un
douaire de 500 livres. L'on convient d'un préciput de 100 livres.
Signe avec le notaire Auber Nicolas Huot, sieur de Saint-Laurent.
Lundi 9 avril 1663, le missionnaire Thomas Morel, à l'église de
Château-Richer, les a conjoints en présence de Cauchon, Jean Prémont,
Claude Auber et Jean Plante.
Le couple s'installe donc à l'île d'Orléans où nous le retrouvons aux
recensements de 1666 et 1667 ; il possède trois bêtes à cornes et 9
arpents de terre mis en valeur. Les voisins sont Jean Prémont et Jean
Royer.
À suivre dans le prochain bulletin.
Source : par Gilles Martineau
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