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Louis Hébert

Bonjour à tous

Louis Hébert... Esclave et seigneur

Parmi tous les monuments que compte Québec, il en est un devant lequel tous les Québécois et tous les Canadiens devraient aller s'incliner au moins une fois dans leur vie. C'est celui de Louis Hébert, premier habitant enraciné de la Nouvelle-France. Sculpté par Alfred Laliberté, il fut érigé, en 1918, pour marquer le 300e anniversaire de l'arrivée de la famille Hébert. Le monument se trouve dans le parc Montmorency, du côté de la rue des Remparts. Louis Hébert est le tronc et la sève. Nous sommes tous ses descendants.

Tant de mauvaise foi, Louis Hébert ne peut y croire. Un peu plus et il pleurerait devant l'équipage du Saint-Étienne qui s'apprête à quitter le port de Honfleur à destination de Québec, en Nouvelle-France.

Ce 6 mars 1617 le poursuivra toute sa vie. Il vient d'apprendre que la Compagnie de Canada ne respectera pas ses engagements. Il doit annoncer la nouvelle catastrophique à sa femme Marie Rollet, à ses deux filles Anne et Guillemette, à son fils Guillaume et à son beau-frère, Claude Rollet, qui partent avec lui.

C'est fou! Le nouveau contrat que lui présente, cynique, le représentant de la compagnie réduit de moitié son salaire et les concessions de terres. Pire encore, il stipule que les membres de sa famille seront au service de la compagnie sans rémunération.

Autrement dit, à quelques heures du grand départ, on lui demande de s'engager comme esclave, lui l'apothicaire et fils d'apothicaire prospère, lui qui rêve de la liberté et des grands espaces du Nouveau Monde, lui à qui on a promis un fief et une haute fonction à Québec.

Pour aller au bout de son rêve, Louis Hébert a vendu sa maison et son jardin luxuriant de Paris. Il ne peut plus reculer. Pris au piège, il signe le document odieux et part avec sa famille.

C'est ainsi que ces messieurs de Rouen, de La Rochelle et de Saint-Malo, détenteurs du monopole du commerce de la fourrure en Nouvelle-France, recrutaient les premiers colons.

Quelques mois plus tôt, Louis Hébert avait retrouvé avec plaisir Samuel de Champlain à Paris. Il avait connu le fondateur de Québec en Acadie. Les deux hommes s'apprécient mutuellement.

Champlain est à Paris, durant l'hiver 1616-1617, en quête d'appuis pour sa colonie de Québec. Hébert est séduit. Il y croit lui aussi aux chances de la Nouvelle-France dans la vallée du Saint-Laurent.

Champlain lui a obtenu un contrat de 200 couronnes par an pour devenir l'apothicaire, c'est-à-dire le médecin, de Québec. En plus, la compagnie s'engageait à fournir le gîte et la nourriture, à lui et à sa famille, pendant la période de défrichage des terres du fief. Un contrat alléchant. La déconvenue de Honfleur est d'autant plus cruelle.

Les années de misère

Louis Hébert et les siens arrivent à Québec en juin, après une traversée de trois mois. C'est la première famille de colons. Ils sont accueillis avec chaleur par les récollets et par le petit groupe de résidents itinérants. Les commis et les représentants de la compagnie, eux, leur cherchent déjà des poux. Ils voient d'un mauvais oeil tout nouvel arrivant dont le but premier n'est pas la traite des fourrures.

Pendant une dizaine d'années, les Hébert travailleront comme des bêtes, en butte aux vexations des compagnies de commerce qui se battent entre elles pour le contrôle de tous les trafics. Louis Hébert les aura à l'usure.

Dès l'année suivante, à l'été 1618, Champlain revient à Québec et rend visite à son ami Hébert. Il est épaté. En cachette des petits dictateurs locaux, l'apothicaire a trouvé le temps de se faire un jardin extraordinaire. Il a le pouce vert, c'est peu dire. Il cultive la terre pour nourrir sa famille et la jeune colonie, et pour ses propres plantes médicinales.

«Les jardins de l'Abitation, écrit Champlain, sont chargés de toutes sortes d'herbes, comme choux, raves, laitues, pourpier, oseille, persil et autres herbes, citrouilles, concombres, melons, pois, fèves et autres légumes.» Il a même semé du blé sur des terres qu'il a défrichées et labourées, la nuit souvent, sans aucun instrument aratoire.

Dans le premier contrat signé, il était convenu que le colon pouvait vendre ses produits aux prix pratiqués dans la métropole. Une fois sur place, c'est la compagnie qui mène le jeu. Elle paye à vil prix les précieux légumes frais.

Le récollet Sagard et Champlain écriront tous deux que les restrictions imposées illégalement par la compagnie à l'activité d'Hébert et à l'écoulement de ses produits «l'empêcheront de jouir du fruit de son labeur» .

Les bonnes années

En 1620, Champlain revient de France pétant d'énergie et de projets. Pour la première fois, il est vraiment le «boss» à Québec. Son mandat lui donne pleine autorité sur la colonie. Louis Hébert pourra enfin avoir les coudées franches, relativement. La compagnie de commerce tire encore les ficelles à partir de la métropole.

Le fondateur lui confie l'administration de la justice en le nommant procureur du roi. À ce titre, il signe une sorte de cahier de doléances adressé au roi en 1621.

Il y a encore des frictions avec la famille De Caen qui vient d'obtenir le monopole du commerce. En guise d'exemple, Hébert emprunte 100 écus au coureur des bois Étienne Brûlé. Ce dernier, son ami, ne demande aucun intérêt. Guillaume De Caen, qui n'a jamais pu sentir le colon, rachète la créance et exige un taux d'intérêt usuraire de 25 %.

Jusqu'à la fin, l'esclave devenu propriétaire devra souffrir les tracasseries des détenteurs du monopole.

Mais Louis Hébert est dorénavant au-dessus de ces mesquineries.

En février 1623, c'est le grand jour pour notre homme. C'est la réalisation de son rêve. Il pourra enfin être son propre seigneur. Il reçoit par donation et à perpétuité le fief du Sault-au-Matelot. Ce fief noble comprend les terrains qu'occupent aujourd'hui la basilique, le séminaire ainsi que les rues Hébert et Couillard.

Trois ans plus tard, le vice-roi lui accorde en outre le fief Saint-Joseph (Lespinay), une concession d'une lieue située sur les bords de la rivière Saint-Charles.

Toutes ces terres, Louis Hébert les a déjà défrichées, cultivées et plantées malgré l'opposition de la compagnie. Des bovins broutent l'herbe des pâturages ; des champs de céréales couvrent les terres hautes ; un verger donne de juteuses pommes de Normandie.

Justice lui est rendue. Il était temps. Au début de l'hiver, Louis Hébert fait une mauvaise chute sur la glace. Il en meurt le 25 janvier 1627. Il est âgé de 52 ans.

La petite colonie lui fait des funérailles émues. Il était respecté et aimé autant par les Indiens que par les colons. Avec le frère Pacifique Duplessis, il est le premier à reposer dans le caveau de la chapelle des récollets nouvellement construite.

Une descendance multiple

Louis Hébert multiplie les premières, selon l'expression de Jacques Lacoursière. Il est le premier habitant de Québec à demeure et le premier colon canadien à tirer sa subsistance lui-même du sol. Sa fille Anne épouse, en 1617, Étienne Jonquet ; c'est le premier mariage à être célébré à Québec. Il est le premier seigneur de la Nouvelle-France.

Ajoutons, à ces titres peu banals, qu'il avait été le premier colon français à vivre quelque temps en Acadie. Il a donc été le premier Canadien à planter solidement ses racines.

Quand des corsaires anglais, les frères Kirke, prennent Québec en 1629, et que la plupart des Français retournent en France en catastrophe, sa famille décidera de demeurer à Québec en attendant des jours meilleurs. Bon sang ne peut mentir, comme dit le vieil adage.


Louis Hébert n'a pas laissé de descendants directs portant son nom. Son fils Guillaume aura un fils mais il mourra sous la torture aux mains des Iroquois, à l'île d'Orléans, sans laisser d'enfant.

Pourtant sa descendance indirecte est fertile comme ses jardins. Sa fille Marie-Guillemette se marie avec Guillaume Couillard, le 26 août 1621. Ils auront 10 enfants. Guillemette Hébert Couillard meurt à l'Hôtel-Dieu à l'âge de 78 ans. Elle laisse plus de 250 descendants.

Quant à Marie Rollet, elle se fait remarquablement discrète. Elle se remarie avec Guillaume Hubou deux ans après la mort du premier colon. C'est elle qui, après consultation avec Champlain, prend la décision de demeurer à Québec avec sa famille durant les trois ans d'occupation anglaise. Après le retour des Français en 1632, sa maison devient le foyer des jeunes Indiennes confiées aux jésuites pour leur éducation, dit l'histoire officielle.

Le monument Champlain, dans le parc Montmorency, nous montre Louis Hébert tenant une gerbe de blé dans une main et une faucille dans l'autre. Sur une partie du socle, Marie Rollet serre dans ses bras ses trois enfants. Sur l'autre, le gendre, Guillaume Couillard, s'appuie fièrement sur une charrue. La première charrue sera importée en Nouvelle-France un an après la mort du premier colon.

(Sources: Le Dictionnaire biographique du Canada ; «Histoire populaire du Québec», de Jacques Lacoursière ; Le Boréal Express).

Source : Louis-Guy Lemieux
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