Bonjour à tous
Morts Violentes - 3
de Léonard Bouchard, écrivain et historien.
Cutan Josiah, esclave noir mort sur la potence.
Josiah Cutan était un esclave noir, au service du marchand John Askin et du traiteur MacCormick,
qui conjointement s'en étaient portés acquéreurs.
Cutan eut un jour l'audacieuse aventure de commettre un vol avec effraction au domicile de Joseph
Campeau, citoyen de Détroit. Le voleur est pris sur le fait et l'on procéda naturellement à son
arrestation; il est éconduit en prison. McCornik, entre temps, acheta la part d'Askin et devint
le seul propriétaire de l'esclave. Pour avoir été jugé coupable de vol du genre. Joseph Cutan est
condamné à la potence et il monta effectivement sur l'échafaud en septembre 1792. Les annales
juridiques de l'époque estiment cette exécution comme étant la première à être effectuée au Haut-Canada.
Riddel Michigan British Rule, 347-355, 456. The John Askin Paper, I: 410s. - Boyer,
Les crimes...op. cit., 136. Trudel, Marcel, L'esclavage au Canada français, PUL, passim.
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Dalmas Antoine, tué par son servant de messe
Antoine Dalmas était une prêtre jésuite arrivé au pays en 1671. II fut missionnaire à Sillery,
à Laprairie, à la Madeleine, à Tadoussac, à la baie d' Hudson, où il se rendit seconder l'action
apostolique du père Sylvy. Or, ce dernier nous a laissé un récit navrant de l'assassinat du père Dalmas.
Cette tragédie se déroula au fort Sainte-Anne, aujourd'hui Albany. Deux hommes, Guillory, un
armurier, et par surcroît servant de messe du père Dalmas, et un chirurgien, étant restés au
fort pendant que la garnison était allée à la chasse, eurent une dispute qui dégénéra en tragédie.
Guillory avec une arme à feu, tire sur le chirurgien et le blessa à mort. L'assassin, pris de
panique, juste avant de servir la messe, aborda le père tout à fait ignare du drame et demanda à
lui parler privément. Le père lui répondit d'attendre, qu'il l'écouterait après la messe.
Au moment convenu, le malheureux découvrit son forfait au père Dalmas en précisant qu'il craignait
d'être mis à mort lui aussi au retour de l'équipe de la garnison. Si on voulait le faire, reprit
le père, je vous promets de m'y opposer autant que je pourrais, mais je vous exhorte à reconnaître
devant Dieu I'énormité du crime que vous avez commis, à lui demander pardon et en faire pénitence.
Ayez soin d'apaiser la colère de Dieu; pour moi, j'aurai soin d'apaiser celle des hommes. Le père
ajouta même que s'il le désirait, il pourrait peut-être aller au-devant d'eux afin de les adoucir.
A peine Guillory était-il sorti du fort qu'il eut le pressentiment d'être trompé par le père.
II s'arma d'une hache et d'un fusil et courut après lui. Il le rattrapa bientôt, l'accusa de
traîtrise, fit feu sur lui mais rata le coup. Pour se soustraire à la fureur de l'assassin,
le père Dalmas se précipita sur une grosse glace flottante. L'armurier y saute à son tour,
l'assomma de deux coups de hache et enfouit son corps sous la glace. Le drame s'était déroulé
le 3 mars 1693.
Les chasseurs arrivèrent au fort, prirent connaissance du sort tragique du père Dalmas et mirent
aux fers le coupable.
C. de Rochemonteix, Les Jésuites et la Nouvelle-France au XVlle siècle, 111: 274. Allaire,
Dictionnaire du clergé. BRH, IX, XXV: 112 ; XXVIII : 176. RHAF, IV : 71. DBC, 1: 252.
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Davers Sir Robert, tué et dévoré par les Indiens
Robert Davers est né en Angleterre et il fut honoré du titre de baronet en 1742. A un moment donné,
il décida de quitter sa patrie pour venir en Amérique. Les motifs qui ont pu contribuer à prendre
cette décision semblent avoir été une situation familiale anormale: mère dépressive, suicide de
deux de ses frères; le goût pour la solitude et l'aventure peut-être aussi.
Un fois rendu au pays, il alla s'installer dans la région des Grands Lacs, où son frère Charles
militait dans le 44e régiment. Puis il se rendit à Boston après un périple à New-York.
En mars 1763, Davers et son esclave panis partirent en direction de la rivière Sainte-Claire pour
frayer un chemin à Charles Robertson, au lac Huron. Mais une bande d'Indiens, sous la commande
de Pontiac, surprirent les explorateurs: Davers, Robertson et deux autres encore faits prisonniers.
Le corps de Davers est bouilli et mangé par la bande en fête; celui de Robertson, rôti et dévoré.
Les autres soldats, tués, servirent de pâture aux chiens.
Peckham, Pontiac. DBC, III 178-179.
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Condamné à mort sur les fourches patibulaires
Voici comment explique P.-G. Roy ce genre de supplice dans Petites choses de notre histoire :
Au milieu d'un échafaud ou plancher élevé, on attachait une croix de Saint-André. Le criminel était
étendu sur cette croix, la face tournée vers le cieI et attaché à toutes les jointures du corps.
On faisait en outre porter la tête sur une pierre afin que le cou fût libre et que l'étranglement
pût avoir lieu quand il était ordonné. Le bourreau, avec une barre de fer carrée, rompait et
brisait les bras, les reins, les jambes et les cuisses du condamné. Si ce dernier ne devait pas
être rompu, alors l'étranglement précédait la rupture des membres. A un coin de l'échafaud était
placée, horizontalement, une petite roue de carosse, dont on avait scié la partie saillante du moyeu.
L'exécution achevée, on détachait le corps du supplicié et on l'étendait sur cette roue pendant un
certain temps déterminé. Quelquefois l'exécution avait lieu sur le chemin public, alors le corps y
était abandonné.
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